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Daily report for 5 February 2023

5th International Marine Protected Areas Congress (IMPAC5)

Rappelant à l’auditoire que Vancouver se trouve sur le territoire traditionnel des nations Squamish Sḵwx̱wú7mesh Úxwumixw, Musqueam xʷməθkʷəy̓əm et Tsleil-Waututh səlilwətaɬ, Darlene Upton, de Parcs Canada, a de nouveau souhaité la bienvenue aux participants.

Daniel Pauly, de Sea Around Us, a déclaré qu’à défaut de déployer les Aires marines protégées (AMP) en haute mer, l’objectif 30x30 va être très difficile à atteindre. Il a averti que l’objectif risque d’être atteint uniquement sur le papier, si les gouvernements prétendent protéger l’océan mais ne le font pas.

Q̓án̓ístisḷa Michael Vegh, de la Nation Heiltsuk, a dénoncé les réglementations discriminatoires à l’encontre de ses ancêtres qui sont toujours en vigueur, et a plaidé pour un cheminement de réconciliation entre les Nations autochtones et les gouvernements, en mettant l’accent sur : les infrastructures et le logement ; l’emploi; l’éducation; la santé; l’environnement; l’auto-détermination ; et la pêche.

Partageant des photos et des récits sur l’océan, Sylvia Earle, National Geographic Explorer, a appelé chacun à prendre attentivement conscience de l’interconnectivité de la planète, et a invité le public à réfléchir sur la relation avec ce système de survie de la planète qu’est l’océan, et à repenser les philosophies utilitaristes et de surconsommation. Elle a également attiré l’attention sur les risques de l’exploitation minière des fonds marins.

Autres mesures de conservation efficaces par zone (AMCE)

Amber Himes-Cornell, Responsable de la pêche à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a parlé du manuel de la FAO pour l’identification, l’évaluation et la notification des AMCE dans le secteur de la pêche maritime. Elle a indiqué que certaines mesures de conservation basées sur la zone de pêche peuvent être qualifiées d’AMCE si elles ont des résultats à long terme en matière de biodiversité, en soulignant qu’en fin de compte, cela dépendra toujours des caractéristiques spécifiques de chaque zone.

Bani Maini, CPAWS, a présenté certaines leçons d’AMCE tirées de l’utilisation du guide des AMP pour évaluer les « réfuges marins » au Canada, notamment le besoin de normes de protection plus strictes et l’établissement de normes pour guider la mise en place d’AMCE dans le reste du monde.

Jessica Mitchell, de Pêches et Océans Canada, a présenté les Orientations 2022 du Canada pour la reconnaissance des AMCE marines. Elle a expliqué que les éléments d’AMCE dans le milieu marin au niveau fédéral comprennent des définitions internationales, dix principes directeurs et l’évaluation des critères, en soulignant qu’ils portent sur des zones spatialement définies.

Gestion des impacts humains dans les AMP

Jacinthe Beauchamp, de Pêches et Océans Canada, a parlé de développer des initiatives cohérentes, inclusives et efficaces ayant des résultats positifs en matière de gestion de l’impact humain dans les AMP, comme l’adoption volontaire de limites de vitesse pour les navires, qui a pour effet de réduire la pollution sonore et le risque de collision avec les baleines et d’autres navires. Darren Cameron, de l’Autorité du Parc marin de la brande barrière de corail, a parlé des aires partiellement protégées, qui entretiennent une plus grande biomasse d’espèces cibles que les zones de protection de l’habitat moins réglementées, et obtiennent généralement des résultats de conservation positifs pour les poissons ciblés. Alice Chamberlain, de la Zoological Society of London, a présenté la lutte contre la pollution plastique dans l’archipel des Chagos, en évoquant l’utilisation d’applications de suivi marin en libre accès, qui a permis de trouver et de collecter des milliers d’articles, dont 60 % étaient des plastiques, y compris des déchets de marques de boissons très connues générés à une grande distance de là où ils sont repêchés.

Conservation de la biodiversité

La séance a été animée par Anna Lee-Carswell, de Parcs Canada. Geneviève Faille, de Pêches et Océans Canada, a présenté son travail d’évaluation des protocoles de surveillance et d’échantillonnage dans le Banc-des-Américains, au Québec.

Wayan Vega Santiago, du WWF, a présenté différentes méthodes de restauration des coraux et des mangroves dans des sites du paysage marin de Sulu Sulawesi, situés entre l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines. Au sujet de la sélection des sites, il a souligné l’importance de prendre en compte la viabilité et les menaces qui pèsent sur les écosystèmes, ainsi que de s’assurer le soutien des communautés. Kirsten Carter, de la Royal Society for the Protection of Birds, a présenté son travail d’évaluation du stockage et de la séquestration du carbone dans la portion britannique de la Mer du Nord, en mettant l’accent sur l’importance de protéger les stocks de carbone existants, et en soulignant le potentiel d’investissements futurs dans la restauration d’importants écosystèmes de stockage. Louise Forsblom, de l’Institut finlandais de l’environnement, a parlé de son travail de cartographie de la biodiversité marine sur la côte finlandaise et de la façon dont le développement de ces connaissances spatiales a contribué à éclairer l’expansion des AMP.

Les discussions ont porté sur le décalage potentiel entre la protection des écosystèmes riches en biodiversité et ceux riches en carbone, ainsi que sur les méthodologies permettant leurs surveillance.

Mangroves et AMP

Nadine Heck et Siddhartha Narayan, de l’Université de la Caroline de l’Est, ont présidé l’événement. Valerie Vakhitova, de l’Université de la Caroline de l’Est, a martelé l’importance de protéger les écosystèmes de mangroves pour garantir de meilleurs résultats en matière de réduction des risques d’inondation, en soulignant le nombre croissant de personnes et de biens menacés par les inondations. Siddhartha Narayan a présenté son travail de recherche sur les méthodologies de quantification des avantages tirés de la conservation des mangroves en termes de réduction des risques d’inondation. Il a noté que la plupart de ces avantages concernent des événements météorologiques de moindre intensité mais plus fréquents, et il a évoqué les avantages au jour le jour.

Samiya Selim, de l’Université du Bangladesh, a parlé de l’importance de la mangrove des Sundarbans dans la fourniture de services écosystémiques et du point de vue de la cohérence culturelle et économique de la région, en citant spécifiquement la pêche à la crevette. Elle a souligné qu’il est important de disposer d’options de subsistance diversifiées et de systèmes de soutien lorsque des interdictions de pêche sont mises en œuvre. Stefanie Simpson, de TNC, a mis en exergue les mangroves comme l’un des écosystèmes de « carbone bleu » qui peut faire l’objet d’une gestion efficace.

Liza Goldberg, NASA, a présenté son travail qui cherche à lutter contre l’absence de responsabilités dans la gouvernance des AMP de mangrove en cartographiant et en quantifiant les facteurs de stress anthropiques, notamment par l’identification de tendances concernant des structures de gouvernance des AMP plus ou moins réussies, avec par exemple des données indiquant que les aires protégées par des peuples autochtones sont celles qui limitent le plus efficacement les facteurs de stress anthropiques.

Échange mondial pour une action globale : les AMP en tant qu’outils clés pour endiguer la perte de biodiversité et lutter contre les changements climatiques

Modérée par Phenia Marras, la session a commencé par une vidéo du partenariat international sur les AMP, la biodiversité et les changements climatiques, soulignant le rôle de l’océan dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Anne Nicolas, de l’Agence française pour la biodiversité, a expliqué que le partenariat international a été lancé en 2019 pour mettre en évidence le rôle des AMP dans la lutte contre les changements climatiques.

Maria Brown, du National Marine Sanctuary, a parlé des AMP comme solutions axées sur la nature (SAN) pour lutter contre les changements climatiques tout en conservant la nature. Elle a souligné les bienfaits tirés des mangroves, des forêts de varech et d’autres sources de carbone bleu.

Hannah Cook, du Joint Nature Conservation Committee, a partagé certaines données sur les AMP en tant que SAN, en détaillant une étude documentaire récente qui a démontré que les AMP –avec des niveaux élevés de protection et en fonction de leur âge–peuvent considérablement améliorer la séquestration de carbone, la protection côtière, la capacité de reproduction des organismes marins, les prises de pêche et les revenus.

Les présentations ont été suivies d’une discussion très interactive qui a abordé des sujets tels que la quantification potentielle de la séquestration de carbone qui permettrait d’obtenir des crédits-carbone pour financer les AMP, la création de structures de gouvernance et de gestion des données pour les mettre à disposition de la prise de décision, et des idées pour développer des unités de mesure pour évaluer la gestion des AMP en intégrant leur contribution à la lutte contre les changements climatiques.

Engager les Aires marines protégées dans la protection des baleines pour la conservation de la biodiversité et les solutions au dérèglement climatique

Frances Gulland, de la Commission des mammifères marins, a présidé la session. Rebecca Lent, de la Commission baleinière internationale, a parlé de l’importance de la conservation mondiale des baleines et a montré l’impact des sanctuaires baleiniers, où aucune chasse commerciale n’est autorisée.

Heidi Pearson, de l’Université d’Alaska du Sud-Est, a montré comment le réhabilitation des baleines contribue à séquestrer et à restaurer le carbone. Elle a démontré comment les baleines stockent le carbone lorsqu’elles sont vivantes et séquestrent le carbone lorsqu’elles meurent, et a parlé des effets de la chasse industrielle à la baleine sur la réduction de la séquestration du carbone.

Pierre Beaufils, de la Whale Protection Policy, a parlé de la Politique de protection de la baleine noire de l’Atlantique Nord (NARW), qui comprend des mesures de protection et d’observations de baleines, des mesures de gestion des navires et la création de zones avec limitation de vitesse. John Armor, du Bureau des sanctuaires marins nationaux, a parlé des stratégies utilisées aux États-Unis pour protéger les baleines et de leur effets en matière d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques, en citant notamment la limitation de vitesse pour les navires afin de réduire les risques de collision avec les baleines et les émissions de gaz à effet de serre, les méthodes novatrices de réduction du bruit, ou encore la modification de la trajectoire des navires pour réduire les collisions avec les baleines et d’autres navires.

Gouvernance communautaire et conservation des récifs coralliens

Monique Ladds, du Département néo-zélandais de la conservation, a présenté un cadre de suivi et de reporting pour la réserve marine d’Aotearoa en Nouvelle-Zélande, élaboré en étroite collaboration avec les peuples autochtones locaux. Prenant comme exemple les résultats de la surveillance des déchets sur les plages, elle a expliqué que le but de la création de ce cadre national est de collecter et de gérer des données sur l’état et les tendances des écosystèmes marins.

Robert Sluka, de A Rocha Internacional, a expliqué une approche de gouvernance pour les AMP basé sur des niveaux de référence. Il a déclaré que le projet faisait partie d’une expérience d’échange de connaissances Sud-Sud impliquant le Kenya, le Ghana et Madagascar pour développer une vision partagée des AMP.

Enrique Higueras, de la municipalité de Las Guaitecas, au Chili, a décrit le processus en cours de développement d’une AMP communautaire dans cet archipel du Sud du Chili. Il a souligné la nécessité « d’échanger le paradigme extractiviste actuel pour un paradigme axé sur la conservation » qui reconnaisse les valeurs de la biodiversité.

Approches autochtones de la conservation marine et côtière : perspectives du Canada, du Mexique et des États-Unis

Saplek Bob Baker, Aîné de la Nation Sḵwx̱wú7mesh Úxwumixw Squamish, a souhaité la bienvenue aux participants. Marina Best, de Parcs Canada, a présidé la séance en la qualifiant d’espace éthique fondé sur la réciprocité et le respect des divers systèmes de connaissances.
Nang Kaa Klaagangs Ernie Glasdstone, Gwaii Haanas, de Parcs Canada, a partagé les enseignements tirés de 30 ans de collaboration et de gestion coopérative dans la réserve natioanle Gwaii Haanas, en soulignant que les relations sont au cœur du succès. Doug Neasloss, de la Nation Kitasoo/Xai’xais, a partagé son expérience du processus de désignation de la baie de Gitdisdzu Lugyeks Kitasu en tant qu’Aire marine protégée.

Rene Gustavo Chan Canul, du Parc national du récif de Puerto Morelos, a parlé de son expérience en tant que membre de la brigade communautaire, en donnant un aperçu des efforts de conservation, y compris les activités entreprises pour protéger et maintenir la santé des sites de nidification importants, et notamment des études et des cérémonies pour comprendre et commémorer les cycles de vie des tortues.

Kalani Quiocho, de NOAA, a parlé de son travail en tant que coordinateur des ressources culturelles dans la région des îles du Pacifique, y compris le Monument national marin de Papahānaumokuākea, et de ce que cela signifie d’inclure dans la conservation marine les liens ancestraux, la langue et les connaissances hawaïennes.

L’Aîné Saplek Bob Baker a clos l’événement avec une chanson, invitant les participants à « venir naviguer ».

Conservation de la biodiversité – Diverses stratégies

Jérôme Couvat, du Sanctuaire Agoa, a présenté le projet en cours de mise en place d’un réseau de systèmes de surveillance acoustique en mer des Caraïbes. Rebeca Melendez, de Wildcoast-Costa Salvaje, a présenté un projet qui soutient la gestion des AMP par le biais de protocoles normalisés sur la côte mexicaine, ainsi que la fourniture de données sur les écosystèmes coralliens. Hélène Labach, de Miraceti, a parlé de l’harmonisation et de la centralisation de la collecte de données sur les cétacés au sein des AMP en Méditerranée. Katy Walker, de Flore et Faune International (FFI), a présenté les résultats d’un projet utilisant des vidéos sous-marines télécommandées avec appât dans l’archipel de São Tomé-et-Principe, permettant la création d’une carte thermique montrant les espèces importantes pour le commerce ainsi que pour la conservation, tout en favorisant l’engagement avec les communautés et les pêcheurs locaux.

Dans les couloirs

« C’est quand, la séance de sieste de deux heures? » – a lancé un participant se faisant l’écho d’un sentiment partagé par beaucoup dans leur course entre sessions parallèles, réunions de groupe et rencontres avec des collègues et des collaborateurs, en attrapant au passage de délicieux biscuits aux pépites de chocolat et des tasses de café. Le programme et le rythme de l’IMPAC5 sont intenses, mais les défis et les menaces qui pèsent sur l’océan le sont tout autant, y compris, comme l’a souligné Sylvia Earle, pour les espèces d’apparence sidérale qui vivent dans ses profondeurs. La Dre. Earle a déclaré que « pour connaître réellement l’océan » et pour le protéger, « il faut aller en profondeur ». Elle a également appelé à la protection « des panthères, des lions et des tigres des neiges marins », en laissant entendre que les espèces marines ne reçoivent pas toujours la même attention que certaines espèces terrestres. Daniel Pauly a mis en garde contre les « Parcs de papier » et la création d’AMP uniquement destinées à gonfler les chiffres –raison pour laquelle beaucoup considèrent les AMCE comme un excellent outil pour établir des structures de conservation qui renforcent le leadership et la gouvernance autochtones. Cela dit, un participant a signalé, en les qualifiant d’« Autres mesures compliquées à l’extrême », qu’elles ne vont pas toujours être des processus simples non plus.

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