Daily report for 1 September 2016
2016 International Union for Conservation of Nature (IUCN) World Conservation Congress Planet at the Crossroads
Le Congrès mondial de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a commencé jeudi, avec près de 10.000 participants présents à la cérémonie d'ouverture, au Sommet de l'océan Pacifique et à la réception de bienvenue organisée dans la soirée.
LA CÉRÉMONIE D'OUVERTURE
Le Maître de cérémonie Kamana'opono Crabbe, directeur général, Bureau des affaires hawaïennes, a souhaité la bienvenue aux participants au Congrès mondial de la nature (CMN) en hawaïen et en anglais. Il a souligné l'importance d'établir des liens pour lutter contre le changement climatique, et a invité tout le monde à partager "aloha" les uns avec les autres.
Le gouverneur de Hawaii, David Ige, a déclaré qu'une île est un «microcosme de la planète Terre», et que les communautés insulaires perçoivent les impacts des espèces envahissantes, des incendies forestiers et des pratiques de pêche non durables à proximité des foyers. Il a annoncé l'Initiative durabilité de Hawaii, qui englobe les objectifs suivants: protéger 30% des bassins versants les plus productifs de l'Etat; gérer efficacement 30% des eaux littorales; doubler la production alimentaire locale d'ici 2030; élaborer un plan de biosécurité axé sur les partenariats visant à prévenir, détecter et lutter contre les espèces envahissantes; et passer à une utilisation à 100% des sources d'énergie renouvelables dans le secteur de l'électricité d'ici 2045. Il a également annoncé que Hawai'i a rejoint le Partenariat insulaire mondial en vue d'élaborer des modèles de développement durable au niveau local. Il a exhorté les participants à travailler ensemble pour faire une différence pour "l'île Terre".
Sally Jewell, secrétaire d'état de l'Intérieur, Etats-Unis, a souligné que "l'identité et la culture des êtres humains sont façonnées en grande partie par les eaux et les terres qu'ils habitent". Elle a salué l'expansion, par le président américain Barack Obama, du Monument marin national Papahānaumokuākea dans l'ouest d'Hawai'i, de plus de 442.778 miles carrés, créant ainsi la plus grande réserve marine sur Terre. Elle a fait observer: que les îles sont particulièrement vulnérables à l'érosion de la biodiversité; que les espèces menacées d'extinction peuvent y être conservées et restaurées avec succès; et qu'une conservation réussie signifie "passer d'actes de bonté accomplis au hasard à une planification stratégique", y compris l'utilisation des derniers outils scientifiques. Jewell a souligné en outre la nécessité: de protéger les couloirs fauniques, "vu que les espèces ne connaissent pas de frontières"; de lutter contre le fléau du trafic illicite de la faune; de respecter et d'utiliser les savoirs traditionnels des peuples autochtones; et de pousser à la mise en application de l'Accord de Paris sur le changement climatique, en envoyant des signaux clairs à toutes les parties prenantes.
Le sénateur Hawaiien, Brian Schatz, a parlé de raisons de plus en plus nombreuses d'être optimiste, en dépit de la lutte permanente contre les impacts du changement climatique, de la sécheresse et de l'érosion de la biodiversité dans les forêts et les océans. Il a observé une volonté politique croissante chez les leaders mondiaux et les professionnels des secteurs des infrastructures, de l'agriculture, de l'assurance et de la gestion des catastrophes. Le sénateur Schatz a souligné que tout le monde a intégré l'idée que la prise de mesures pour l'atténuation des, et l'adaptation aux, effets du changement climatique est moins chère et plus intelligente que de simplement répondre de manière rétroactive aux tempêtes. Il a mis en exergue l'expansion du Monument marin national Papahānaumokuākea, et a salué l'accent mis par le président américain Obama sur la nécessité de faire en sorte que la nouvelle génération d'électricité des Etats-Unis provienne de sources d'énergie propres. Le sénateur Schatz a applaudi l'engagement et les efforts de coopération fournis dans le cadre de la lutte contre la mortalité des arbres Ōhi'a dans la forêt tropicale hawaïenne.
Le Président Tommy Remengesau, Palau, a déclaré que la désignation du Monument marin national Papahānaumokuākea par le président Obama "cimente son héritage en tant que leader de l'océan". Il a qualifié la relève de ce défi de "bon départ", affirmant que lorsque les États-Unis font ainsi écho à la réalisation de Palau d'une protection de 80% de sa zone économique exclusive, Palau sera "enfin prêt à se joindre à la grande ligue". Il a cité les efforts consentis par Palau pour protéger les ressources marines, y compris la réalisation du premier sanctuaire de requins dans le monde. Soulignant que la création de nouvelles aires marines protégées dans nombre de différentes régions au cours des deux dernières années montre que nous avons "le vent en poupe", il a affirmé que détermination et rapidité d'action sont indispensables pour la relève des défis urgents. Il a appelé les participants à appuyer une motion adressée à l'UICN pour la protection d'au moins 30% des océans. Remengesau a conclu en disant que "l'énorme" soutien et l'engagement déjà visible au Congrès, montrent que "nous pagayons dans la même direction".
Erik Solheim, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), a présenté des exemples d'innovation en matière de conservation accomplie partout dans le monde et a souligné la nécessité de traduire les initiatives de tous les acteurs dans un même flux cohérent. Notant la nécessité pour l'homme de prendre soin de la Terre Mère, il a salué les efforts fournis par le G20 en faveur d'une transition rapide au financement vert. Présentant les félicitations du Secrétaire général de l'ONU et son appui ferme, Solheim a rappelé aux participants "qu'aucune tâche n'est insurmontable si nous agissons ensemble".
Parlant au nom de l'UE, le Secrétaire d'Etat, Norbert Kurilla, Ministère de l'Environnement de la Slovaquie, a appelé le CMN à produire, pour la nature, des solutions pragmatiques aptes à être mises en œuvre sur le terrain. Présentant un rapport de l'UE, il a qualifié "Natura 2000" de plus grand réseau coordonné de zones protégées dans le monde. Il a expliqué que ce réseau ne marcherait pas sans la coopération des communautés, des pays et des régions qui le forment. Il a fait référence à des réunions multilatérales à venir, y compris celles: de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d'extinction (CITES) pour travailler sur les mesures liées au commerce efficace et à la façon de faire face au commerce illégal d'espèces en voie de disparition; du Protocole de Montréal, pour travailler sur un accord pour une élimination rapide, claire et ambitieuse des hydrofluorocarbones (HFC); de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), pour bâtir sur l'Accord de Paris et promouvoir un suivi par des mesures concrètes; et de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CBD) pour mettre en évidence les liens entre le travail visant à réduire la perte de biodiversité et le travail accompli dans le cadre d'autres accords multilatéraux sur l'environnement.
Corbett Kalama, Kamehameha Schools Trustee, a qualifié son école de lieu de la plus grande "land trust" autochtone dans le monde, en mettant l'accent sur la perpétuation de la culture hawaïenne et de la bonne gestion des ressources naturelles. Faisant observer que «nous nous tournons vers le passé pour avoir des réponses", il a souligné que les peuples autochtones ont toujours eu les réponses. Il a exprimé sa gratitude pour le travail de préservation accompli dans le monde par l'UICN pour les générations futures et pour sa "prise de mesures dès maintenant".
Le Président de l'UICN, Zhang Xinsheng, a déclaré que le CMN de l'UICN concerne la traduction des accords historiques de 2015 en actions concrètes. Invitant les participants à parler de la façon dont ils ont l'intention de contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable pour l'horizon 2030 et de l'Accord de Paris, il leur a rappelé que leurs décisions "détermineront les possibilités et les limites des générations futures". Soulignant la nécessité d'efforts mondiaux conjoints pour "faire amener le monde à tournant décisif", il a déclaré ouverte l'édition 2016 du Congrès mondial pour la nature.
A la dernière représentation de la cérémonie d'ouverture, les sons de tambours, des chants et des chansons ont rempli la scène au moment où des danseurs de hula, jeunes et vieux, offraient un festin visuel de mouvements gracieux, puissants et convaincants. Le Maître de cérémonie Crabbe a dit aux participants: «Nous sommes tous sur le qui-vive".
LA CONFÉRENCE DE PRESSE
Après la cérémonie d'ouverture, une conférence de presse a eu lieu durant laquelle le gouverneur Ige a souligné que le CMN est la réunion environnementale la plus grande et la plus diversifiée jamais organisée aux États-Unis.
La Secrétaire d'état Jewell, a souligné l'importance: de la reconnaissance de la culture et des savoirs traditionnels des peuples autochtones dans la gestion environnementale; du fait que l'adoption d'une perception des paysages comme n'étant que des parcelles individuelles de terres protégées ne suffit pas; et de la participation des jeunes dans la conservation de la nature. Elle a souligné que l'accord du partenariat trans-pacifique est un outil important pour la lutte contre le trafic illicite d'espèces sauvages.
Inger Andersen, Directrice générale de l'UICN, a souligné que les gens ont le pouvoir d'investir de nouveau dans la nature afin qu'elle puisse se remettre des impacts que les êtres humains lui ont infligés. Elle a noté que «derrière» les plus de 9000 participants au CMN, il y a des millions de personnes qui travaillent sur le terrain pour la réalisation de progrès vers un monde meilleur.
Le sénateur Schatz a souligné que la grandeur de la cérémonie d'ouverture ne vient pas de représentants élus, mais de ceux qui travaillent chaque jour pour la conservation, et a ajouté que le CMN est en mesure d'aider à la concrétisation des mesures prises dans le cadre de l'Accord de Paris et des ODD.
En réponse à une question concernant l'extinction des requins, Andersen a souligné le travail des commissions scientifiques de l'UICN, et Schatz a rappelé la tenue d'un Caucus bipartisan de Sénateurs sur les océans. Répondant à une question concernant les actions menées pour préserver 30% des bassins versants et du milieu marin de Hawai'i, Ige a indiqué qu'une approche de gestion communautaire des ressources a été initiée. Au sujet de l'action menée dans le cadre de la lutte contre le changement climatique dans les Philippines, Schatz a souligné qu'il croit qu'il est possible de trouver un chemin menant à la ratification de l'Accord de Paris par les Philippines, et de répondre aux questions morales relatives à la justice climatique. En réponse à une question sur la façon dont Hawai'i atteindra son engagement consistant à doubler la production alimentaire, Ige a indiqué que le pays entend augmenter la disponibilité des terres arables et diversifier l'agriculture dans chaque comté.
SOMMET DES PAYS DU PACIFIQUE SUR LES OCEANS
Aperçu général, contexte et importance des océans, Sommet des pays du Pacifique sur les océans et Partenariat du Pacifique sur les océans à l'horizon 2030: John De Fries, Département de la recherche et développement, Comté de Maui, Hawaii, a ouvert la session. Le Président Peter Christian, États fédérés de Micronésie, a parlé des Partenariats pour l'action. Alan Arakawa, maire du Comté de Maui, Hawaii, a déclaré que des solutions sont disponibles, mais que leur mise en œuvre nécessite une volonté politique. Le Directeur exécutif du PNUE, Erik Solheim, a appelé à l'arrêt de l'extraction illégale des ressources des pays les plus pauvres. Le Président des Îles Marshall, Hilda Heine, a souligné le lien entre les océans, le bien-être et la prospérité, et a décrit les menaces telles que le changement climatique, l'exploitation minière en haute mer et la pêche illégale.
Session consacrée au Partenariat du Pacifique sur les océans; Actions et engagements en faveur des océans: Taholo Kami, Directeur régional, UICN Océanie, a encadré la session.
Au sujet de la réduction des menaces, le modérateur Kosi Latu, directeur général, Secrétariat du Programme régional pour l'environnement du Pacifique, a exhorté les délégués à prendre des mesures claires au Sommet des Nations Unies de 2017 sur les océans. Arakawa a souligné l'importance de créer des règlements et des seuils de référence pour la mise en œuvre et la mesure des progrès accomplis, mettant en exergue les mesures prises à Maui, telles que l'interdiction des sachets en plastique et la réalisation de partenariats, tels que le Partenariat du bassin versant de Maui Est. Le Premier ministre Manasseh Sogavare, Îles Salomon, a appelé à l'harmonisation des cadres juridiques et au traitement des causes profondes et origines des défis posés, affirmant que "nous ne pouvons pas gérer les océans, mais pouvons gérer le comportement des gens qui exploitent les océans".
Au sujet de l'augmentation de la résilience des océans, Aliki Faipule Afega Gaualofa, Président de Tokélaou, a déclaré que: l'océan Pacifique est notre professeur, notre aîné et notre maison", soulignant en outre qu'il y a une interdépendance entre la santé des océans et la qualité de vie et le changement climatique. Le Premier ministre Henry Puna, Îles Cook, a souligné que les approches traditionnelles doivent être encouragées et intégrées dans les efforts visant à augmenter la résilience des océans. Eduoard Fritch, Président, Polynésie française, a mis en exergue l'expérience du pays en matière de gestion durable des ressources marines qui vise entre autres à s'assurer que les ressources marines profitent aux communautés. Le modérateur James Movick, Directeur général, Agence des pêches du Forum du Pacifique, a déclaré que pour que pour être efficaces, les zones marines protégées doivent constituer l'une des nombreuses activités.
Au sujet de l'action contre le changement climatique, le modérateur Colin Tukitonga, directeur général, Secrétariat de la Communauté du Pacifique, a signalé que le 1 milliard de dollars consacré à l'importation de combustibles fossiles dans le Pacifique pourrait être utilisé pour le développement des énergies renouvelables à la place. Le Président Hilda Heine, îles Marshall, a déclaré que les petits États insulaires en développement (PEID) pourraient être les "puissances" mondiales dans le domaine des énergies renouvelables, soulignant les efforts fournis dans les domaines de l'énergie solaire et du shipping durable. Le Premier ministre Enele Sopoaga, Tuvalu, a souligné l'importance de la bonne gouvernance; du renforcement des capacités et de la sensibilisation; et de la mise au point et du transfert des technologies pour améliorer l'action contre le changement climatique dans le Pacifique. Siaosi Sovaleni, Vice-Premier ministre, Tonga, a souligné que l'énergie renouvelable permet non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi l'amélioration de l'accès à l'énergie pour tous.
Au sujet de l'interconnexion des peuples du Pacifique, Kamana'opono Crabbe, Directeur général, Bureau des affaires hawaïennes, a applaudi les dirigeants de la région du Pacifique et a invité la poursuite du dialogue.
Au sujet des mécanismes de financement, le modérateur Dame Meg Taylor, commissaire pour Océan Pacifique et Secrétaire général du Forum des îles du Pacifique, a souligné le potentiel de propositions communes et a appelé le financement du développement à inclure les régions vulnérables aux changements climatiques. Le Président Tommy Remengesau, Palau, a présenté sa vision d'une proposition multi-pays pour soutenir la Coalition des Nations Atoll contre les changements climatiques et d'un fonds d'affectation spéciale de survie nationale pour la lutte contre le changement climatique. Le débat qui a suivi a porté, entre autres, sur la nécessité d'améliorer l'accès direct au fonds d'adaptation de la CCNUCC.
La Séance de clôture: Où allons-nous? Pacific Ocean Pathway & Sommet de l'ONU sur les océans en 2017: Le modérateur, le Sénateur Kalani English, État de Hawaii, a ouvert la session. Zhang Xinsheng, Président de l'UICN, a fait part de son admiration pour la détermination de la région du Pacifique et, au nom de l'UICN, a promis solidarité et soutien aux actions continues. Nainoa Thompson, Master Navigator, Polynesian Voyaging Society, a parlé du courage des praticiens de la culture traditionnelle et de la rareté des maîtres navigateurs et de leur rôle dans la préservation de la culture de l'océan. Ratu Inoke Kubuabola, Ministre des Affaires étrangères, Fidji, a souligné l'importance de l'ODD 14 et du Sommet des Nations Unies sur les océans. David Ige, Gouverneur, État de Hawaii, a reconnu les engagements pris à Paris qui "ont changé la trajectoire de la planète".