Publié par L'Institut International du Développement Durable
(IIDD)
Vol. 15 No. 23
mercredi 08 septembre 1999
LES FAITS MARQUANTS DU CNI-3 SUR LES POP
MARDI 7 SEPTEMBRE 1999
Deuxième journée du CNI-3, les délégués y
ont mené des discussions sur les mesures de réduction ou d'élimination
de l'utilisation des POP dans l'environnement. Les délégués ont par
ailleurs établi un groupe de contact, lequel devait se réunir en
session nocturne, aux fins d'examiner les dispositions et les annexes
portant sur les mesures d'interdiction et de restriction devant être
imposées à la production et à l'utilisation de certains POP. Le
Comité de Rédaction Juridique (CRJ) s'est réuni tout au long de la
journée pour l'examen des articles de procédure.
LA PLENIERE
Les délégués devaient entendre lecture du
rapport du Président du CRJ, Patrick Szell (Royaume-uni) qui indiqua
que le groupe agira prudemment en abordant les articles, en raison des
questions d'ordre politique susceptible d'être soulevées, et qu'il
observera une certaine souplesse de manière à pouvoir suivre les
discussions de fond menées en Plénière. Notant les retards
potentiels qui risquent de marquer l'adjonction de nouveaux produits
chimiques à la convention, l'ISLANDE requit du CRJ, l'élaboration
d'options juridiques alternatives quant à la proposition, à
l'adoption et à l'entrée en vigueur des amendements éventuels qui
seraient apportés aux annexes de la convention.
Le Président Buccini introduisit l'article sur
les mesures de réduction ou d'élimination de l'utilisation des POP
dans l'environnement (Article D). Les délégués entamèrent le débat
sur les mesures d'interdiction et de restriction devant être imposées
à la production et à l'utilisation des dix POP produits
intentionnellement. Le NIGERIA et la TANZANIE déclarèrent que
l'intitulé de l'article devrait inclure les mesures de réduction et/ou
d'élimination des utilisations. La FINLANDE, au nom de l'UE, appela
à des obligations claires d'interdire la production et l'utilisation,
et mit en relief l'objectif ultime consistant en leur élimination,
comme le firent par ailleurs le CANADA, la POLOGNE, l'ISLANDE et la
SUISSE. La MICRONESIE, au nom des Petits Etats Insulaires en Développement
du Pacifique, appuya l'interdiction de l'ensemble des dix POP.
L'UE s'opposa aux exemptions d'ordre générales,
excepté pour des motifs de recherche, et déclara que des exemptions
restreintes pouvaient être considérées pour le DDT. Le délégué
des ETATS-UNIS appuya un certain nombre d'exemptions et la proposition
de permettre aux utilisateurs de fin de chaîne d'épuiser les stocks
restants. L'ARGENTINE appuya l'idée d'avoir des exemptions
restreintes et bien considérées. L'AUSTRALIE déclara que la
question des exemptions nécessitait un examen plus approfondi.
L'EGYPTE souligna l'importance de la prudence dans la permission de la
production de POP à des fins de recherche de manière à éviter
l'exploitation des brèches. L'UE appuya l'interdiction de la
production du PCB et la prévision d'une période de suppression
progressive de son utilisation dans les transformateurs électriques.
L'AUSTRALIE et l'ARGENTINE appuyèrent l'idée d'avoir une même
disposition pour l'interdiction et la restriction. La GAMBIE souhaita
avoir plutôt des clauses séparées.
Concernant la question de l'import et de l'export,
l'EU, la NORVEGE, la SUISSE, la MICRONESIE, la COLOMBIE, le PEROU, le
VENEZUELA, la GAMBIE et d'autres pays se déclarèrent opposés à
l'export et à l'import des POP prohibés, excepté pour leur
destruction dans des conditions écologiquement rationnelle. Le délégué
des ETATS-UNIS mis en exergue la compatibilité avec les conventions
de Rotterdam et de Bâle. L'ALGERIE appuya les interdictions d'import
et d'export conformément aux conventions de Bâle et de Rotterdam,
ainsi que la permission de l'export des POP des pays en développement
vers des pays industrialisés aux fins exclusives de leur destruction.
Le QATAR s'opposa aux exportations de POP, des pays industrialisés
vers les pays en développement. Le JAPON appela à un examen approprié
d'autres conventions, dans la considération des restrictions
commerciales et déclara qu'il pourrait s'avérer difficile de
parvenir à détruire de manière écologiquement rationnelle, les
substances exportées. La NOUVELLE ZELANDE déclara que la proposition
de l'UE de limiter les exceptions d'import et d'export des POP aux
seules fins de leur destruction dans des conditions écologiquement
rationnelles, ne couvrait pas les circonstances ou la destruction
n'est pas un moyen de mise en décharge viable. L'AUSTRALIE fit part
de ses réserves concernant l'inclusion de mesures à l'import et à
l'export et les risques d'incompatibilité avec l'OMC. Le CANADA
appuya l'idée d'avoir des contrôles à l'import et à l'export, mais
en tenant compte des autres conventions, des accords commerciaux et
des mouvements effectués à des fins de mise en décharge écologiquement
rationnelle.
La MICRONESIE, la CHINE, la ZAMBIE, l'EGYPTE et
l'IRAN appuyèrent le principe des responsabilités communes mais différentiées
et l'idée d'avoir différent calendrier de suppression progressive,
pour les pays industrialisés et les pays en développement.
L'ARGENTINE souligna la nécessité d'examiner attentivement les
avantages des différents calendriers. La REPUBLIQUE DOMINICAINE
exprima ses réserves concernant le risque de voir les pays en développement
devenir un terrain de dumping des POP, avec un système d'obligations
à deux vitesses. L'INDE déclara que si les exports sont effectués
conformément à la Convention de Rotterdam, le dumping dans les pays
en développement peut être évité. Le CAMEROUN demanda une
restriction à l'import et à l'export, de manière à ce que les pays
en développement ne reçoivent pas les POP des pays industrialisés.
L'EGYPTE appuya l'idée de mettre en place des mesures permettant de
mettre fin aux imports et aux exports illicites, en utilisant les
Conventions de Bâle et de Rotterdam pour les contrôles.
Les ETATS-UNIS, l'ETHIOPIE, la TURQUIE, la ZAMBIE,
le GHANA et l'INTERNATIONAL COUNCIL OF CHEMICAL ASSOCIATIONS (ICCA)
appuyèrent l'idée d'avoir deux annexes séparées pour
l'interdiction et la restriction. La NORVEGE appuya cette approche
pour bien signifier que l'élimination restait le but ultime à
atteindre. L'UE et la REPUBLIQUE DE COREE appuyèrent l'approche basée
sur une seule et même annexe. Les ETATS-UNIS, appuyés par l'AFRIQUE
DU SUD, le BOTSWANA, la TANZANIE, la JAMAÏQUE et le JAPON, déclarèrent
que le libellé devrait inclure des mesures efficaces pour éliminer
la production au lieu de pour interdire la production. Le délégué
des PHILIPPINES appuya l'idée de procéder à une compilation des
données disponibles concernant les POP et la destruction de ces
derniers dans des conditions écologiquement rationnelles.
Le YEMEN déclara que les pays en développement
ont besoin de moyens leurs permettant d'utiliser des alternatives au
DDT. Le LESOTHO appuya l'élimination du DDT dans le pays d'origine.
Le BOTSWANA appela à un délai avant l'interdiction du DDT et demanda
la mention, à titre de référence, des alternatives efficaces et
viables. La JAMAÏQUE appuya l'idée de faire référence à la
Convention de Rotterdam et au Traité de Montréal pour l'illustration
des mesures efficaces de contrôle de l'import et de l'export. L'OMS
recommanda l'exportation des stocks de DDT vers les pays qui utilisent
ce produit pour le contrôle de la malaria. Le représentant appuya
par ailleurs l'idée d'inclure une définition du terme
alternatives dans la convention. Le délégué des SEYCHELLES
appuya la proposition d'effectuer un inventaire mondial du DDT aux
fins d'accélérer son interdiction.
Le WWF déclara que le message d'élimination
doit être perçu à travers des mesures de contrôle précises et
appuya l'approche des deux annexes pour bien mettre en exergue que le
but ultime est l'élimination. L'orateur ajouta que l'import ou
l'export des POP doit être en harmonie avec la Convention de Bâle et
se faire uniquement à des fins de mise en décharge dans des
conditions écologiquement rationnelles. Il attira l'attention sur la
parution d'un nouveau rapport sur la gestion des vecteurs de maladies
à des fins de santé publique et de conservation. Le représentant de
l'INUIT CIRCUMPOLAR CONFERENCE (ICC) appela à l'élimination des POP,
à des alternatives efficaces du point de vue coûts, à une
assistance financière et technique et à un nouveau financement à
travers un FEM réajusté ou autre fonds multilatéral. L'IPEN'S
WOMEN'S WORKING GROUP appuya l'élimination totale des POP et fit part
de ses préoccupations concernant la contamination du lait maternel
par les POP. La représentante requit l'inclusion d'un libellé
traitant du rôle des femmes.
Buccini requit du groupe de contact chargé des
questions d'interdiction et de restriction, qui avait été établi au
CNI-2 sous la présidence de Charles Auer (ETATS-UNIS), de se réunir
de nouveau et de focaliser son travail sur le libellé des paragraphes
consacrés à la prohibition et à la restriction, aux questions
d'exemptions et à l'import et export, et de procéder à
l'affectation des dix POP dans les annexes.
Les délégués devaient ensuite présenter leurs
commentaires sur la réduction de la mise en circulation des produits
secondaires. Notant la large gamme des sources des produits
secondaires, l'AUSTRALIE déclara qu'une approche basée sur la
prescription ne serait pas efficace et suggéra l'établissement de
rapports régulier sur l'état d'avancement. La NORVEGE nota la nécessité
de prendre des mesures concrètes pour la réduction de l'utilisation
de la dioxine et le recours aux meilleures techniques disponibles
applicables aux sources existantes ou nouvelles. Le CANADA et la
REPUBLIQUE DE COREE appela à une action réaliste et réalisable. La
CHINE appuya l'idée de prendre des mesures concrètes pour l'élimination
de la dioxine. Le délégué des ETATS-UNIS qualifia la réduction des
produits secondaires d'élément ambitieux de la convention et affirma
que des engagements juridiques ne sont pas possibles à prendre en
raison du manque de données de base précises. Tout en reconnaissant
le manque d'information concernant les produits de base, leurs
utilisations et la difficulté d'établir des inventaires, l'UE déclara
que les pays se devaient de se fixer des objectifs de réduction, en
vue d'une minimisation continuelle, et avec la SUISSE, appuya l'élaboration
d'une estimation des utilisations, en se basant sur les sources.
L'orateur suggéra que la CdP pourrait fournir une orientation sur les
techniques de collecte des données. Le délégué des ETATS-UNIS suggéra
que ces directives soit élaborées au niveau des experts. Le LESOTHO
souligna l'importance d'avoir des méthodologies compatibles pour l'établissement
des inventaires. La NORVEGE, appuyée par l'ISLANDE, appela à des
exigences adéquates pour l'élaboration des rapports sur la réduction
et à un comité d'évaluation pour la revue des obligations et
l'opportunité de les renforcer.
Plusieurs délégations, dont le JAPON, la
MALAISIE et l'INDONESIE, appuyèrent l'élaboration d'un programme
d'action visant à réduire les produits secondaires. Le délégué
des ETATS-UNIS déclara qu'un tel programme doit être souple et
comporter des engagements variables en fonction des pays. Notant le
manque de donnée sur l'utilisation des produits secondaires dans les
pays en développement, la MALAISIE, appuyée par la CHINE et
l'INDONESIE, identifia l'établissement des inventaires comme étant
la première étape vers la réduction des utilisations des produits
secondaires et souligna l'importance cruciale de l'assistance
technique et des ressources financières. L'INDE mit en relief la nécessité
de la formation, de l'éducation et de l'équipement technologique
pour l'établissement des inventaires. L'INDONESIE, appuyée par la
CHINE, l'INDE et la REPUBLIQUE DE COREE, fit part de ses réserves
quant au risque de voir les exigences de base rendre la participation
dans la convention difficile. Le représentant de GREENPEACE
INTERNATIONAL souligna que l'élimination restait le but ultime,
appela à l'insertion d'une clause exigeant le recours aux
alternatives pratiques lorsqu'elles sont disponibles, et appuya
l'application du principe pollueur payeur. L'EQUATEUR souligna
l'importance de la prévention à travers une production propre.
L'EGYPTE appela à la mise en place d'incinérateurs propres et à une
coopération régionale et sous-régionale. Le Président Buccini suggéra
qu'un groupe de contact pour l'examen de toutes ces questions, pouvait
être établi ultérieurement.
Concernant la gestion et la mise en décharge des
déchets et la destruction des réserves et des déchets, l'UE
souligna la nécessité d'établir des inventaires sur les réserves
et les déchets. La représentante mit également l'accent sur
l'importance d'une gestion effectuée de manière contrôlée et sûre,
et appela à ce que cela soit bien défini dans la convention. Le
CANADA s'opposa à l'utilisation de la Convention de Bâle comme véhicule
clé pour la question des déchets POP. La COLOMBIE déclara que la référence
à la Convention de Bâle était nécessaire dans le contexte de la
gestion et de la mise en décharge des déchets. L'AUSTRALIE appela à
l'évaluation des liens entre les déchets POP et la Convention de Bâle
et appuya l'insertion d'une référence à la nécessité de nettoyer
les sites contaminés. Le CANADA préféra mise en décharge écologiquement
rationnelle à destruction
des déchets dans le texte. Notant que les substances peuvent être
contaminatrices, le JAPON, appuyé par le CANADA et les ETATS-UNIS,
appela à l'omission de l'annexe sur les produits secondaires dans les
mesures réservées à la gestion et à la mise en décharge des déchets.
La CHINE, l'INDE, la MALAYSIE et l'INDONESIE soulignèrent
l'importance de retenir la référence à l'assistance technique et
financière. Avec le JAPON, les ETATS-UNIS recommandèrent que la référence
à l'assistance technique et financière soit placée dans les
articles consacrés à l'assistance technique et aux ressources et mécanismes
financiers.
Le délégué des ETATS-UNIS indiqua par ailleurs
que la référence à la Convention de Bâle dans la clause consacrée
à la destruction des réserves et des déchets risquait d'empêcher
la ratification de la convention sur les POP. L'UE, appuyée par
l'INDONESIE, requit la suppression du libellé portant sur la
destruction des réserves et des déchets. Le représentant de la
CONVENTION de BÂLE annonça que le programme de travail de cette
convention incluait une classification des pesticides obsolètes, qui
à besoin d'être reformuler en étroite collaboration avec la section
chargée des produits chimiques au PNUE, aux fins d'éviter les lacunes ou les chevauchements. L'orateur ajouta que dans la
Convention de Bâle, un certain nombre de clauses requièrent une
gestion écologiquement rationnelle des POP, et que les critères sont
inclus dans les documents annexes ou les directives techniques. Le
représentant de IPEN attira l'attention sur les communautés affectées
par les POP utilisés ou stockés par les militaires et demanda que la
convention tienne les militaires pour responsables du nettoyage dans
les bases intérieures et extérieures. Buccini fit remarquer que
c'est le Groupe de Mise en uvre qui traitera la question de la
gestion et de la mise en décharge des déchets.
Jim Willis annonça que: L'Allemagne accueillera
le CNI-4 à Bonn du 20 au 25 mars 2000; l'Afrique du Sud accueillera
le CNI-5, avec la contribution du Danemark, entre octobre et décembre
2000; et que la Conférence Diplomatique est provisoirement prévue d'être
accueillie et financée par la Suède, entre avril et juin 2001.
Willis mit en relief le besoin urgent de trouver les financements nécessaires
au CNI-3, la consultation et les travaux intersessions.
DANS LES COULOIRS
Les pulsations se sont accélérées lorsqu'un
groupe de pays a modifié sa position sur les produits secondaires,
optant pour une
minimisation continue. Au lieu de "l'élimination." Les observateurs s'interrogent si cela était motivé par des
préoccupations concernant le fardeau financier associé à l'élimination
ou est simplement dû à la sage reconnaissance de l'impossibilité de
parvenir rapidement à l'élimination des POP. Quoi qu'il en soit, les
discussions bilatérales laissent entrevoir la promesse d'un compromis.
A SUIVRE AUJOURD'HUI
Les délégués se réuniront en Plénière pour
entendre de brefs rapports des Présidents du CRJ et du Groupe de
Contact sur la prohibition et la restriction de la production et de
l'utilisation des POP. La Plénière se répartira ensuite en deux
groupes: le Groupe de Négociation, pour la poursuite des discussions
sur les dispositions de la convention, et le Groupe de Mise en uvre,
pour entamer les discussions sur les aspects touchant à l'application.
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