Publié par L'Institut International du Développement Durable
(IIDD)
Vol. 15 No. 21
lundi 06 septembre 1999
TROISIEME SESSION DU COMITE
INTERGOUVERNEMENTAL DE NEGOCIATION D'UN INSTRUMENT JURIDIQUE
CONTRAIGNANT DE MISE EN APPLICATION DE L'ACTION INTERNATIONALE VISANT
CERTAINS POLLUANTS ORGANIQUES PERSISTANTS (POPs):
6-11 SEPTEMBRE 1999
La troisième session du Comité
Intergouvernemental de Négociation (CIN-3) d'un Instrument Juridique
Contraignant de Mise en Application
de l'Action Internationale visant certains Polluants Organiques
Persistants (PoPs) se tient du 6 au 11 septembre 1999 à Genève. Les
délégués près du CIN-3 y poursuivront l'élaboration de
l'instrument juridique contraignant devant servir à la mise en uvre
des mesures internationales visant certains POPs, regroupés sous
trois catégories: 1) les pesticides: l'aldrine, le chlordane; le DDT;
le dieldrine; l'endrine; le heptachlore; le mirex et le toxaphène; 2)
les produits chimiques industriels: l'hexachlorobenzène (HCB) et les
bi-phényles polychlorinés (PCBs); et 3) les produits secondaires non
intentionnels : les dioxines et les furanes.
Forts des succès réalisés durant les travaux
du CIN-2, les délégués participant au CIN-3 auront à approfondir
les articles consacrés: aux mesures de réduction ou d'élimination
de la propagation des POPs dans l'environnement; aux plans nationaux
de mise en application; à l'échange de données; à l'information,
à la conscientisation et à la sensibilisation du public; et enfin,
à la recherche, au développement et au suivi. On s'attend à ce que
le CIN-3 aboutisse à des propositions fermes concernant ces articles
ainsi qu'à une élaboration des articles portant sur l'assistance
technique et sur les ressources financières et les mécanismes de
financement; à un accord sur les libellés des articles de procédure
et à l'identification des questions restantes. Les délégués
tiendront également des discussions préliminaires sur le préambule
et les articles portant sur les objectifs et les définitions. On
s'attend par ailleurs à ce que le CIN-3 adopte le rapport final des
travaux du Groupe d'Expert Chargé des Critères (GEC) sur l'élaboration
de critères à fondement scientifique et d'une procédure
d'identification de nouveaux POPs pour l'action internationale future.
BREF HISTORIQUE des NEGOcIATIONS SUR LES POPs
Au cours des années 1960 et 1970, l'utilisation
de certains produits chimiques, tels que les pesticides, s'est accrue
de manière considérable. Bon nombre de ces produits chimiques sont
important pour la société moderne mais peuvent également constituer
une menace sérieuse à la santé humaine et à l'environnement. De
manière particulière, une certaine catégorie de produits chimiques
connus comme étant des polluants organiques persistants (POPs) devait
récemment retenir l'attention internationale en raison des preuves
accumulées indiquant que l'exposition à des doses très faibles de
certains POPs peut donner lieu à un cancer, à des dégâts au niveau
des systèmes nerveux central et périphérique, à l'atteinte du système
immunitaire, à des désordres au niveau de la procréation et à des
interférences dans le développement du nourrisson et de l'enfant.
Les POPs sont des substances chimiques qui persistent, s'accumulent et
présentent un risque de causer des effets nocifs à la santé humaine
et à l'environnement. La preuve ayant été également établie quant
à longue portée du transport de ces substances et de leur
introduction dans des régions où elles n'avaient jamais été utilisées
ou produites auparavant, et quant à la menace qu'elles posent désormais
à l'environnement partout dans le monde, la communauté
internationale a appelé à une action mondiale urgente pour la réduction
et l'élimination de leur utilisation dans l'environnement.
Avant 1992, l'action internationale dans ce
domaine porta principalement sur l'élaboration d'outils d'évaluation
des risques et sur la conduite d'études internationales sur les
produits chimiques à incriminer en priorité. A titre d'exemples, en
1989, le PNUE amenda ses 'Directives de Londres' pour y introduire
l'Echange d'Information sur les Produits Chimiques dans le Commerce
International, et la FAO
établit le Code de Conduite International devant régir la
Distribution et l'Utilisation des Pesticides. En 1992, La Conférence
des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUED)
adopta le Plan d'Action 21. Le Chapitre 19 du Plan d'Action 21,
Gestion Ecologiquement Rationnelle des Produits Chimiques Toxiques,
y compris la Prévention du Commerce Illicite International des
Produits Toxiques et Dangereux, appela à la création d'un Forum
Intergouvernemental sur la Sécurité Chimique (IFCS). Le Plan
d'Action 21 appela également à la mise en place d'un Programme
Inter-Organisations de Gestion Rationnelle des Produits Chimiques (IOMC)
pour promouvoir la coordination entre les organisations
internationales impliquées dans la mise en application du Chapitre
19.
En mars 1995, le Conseil d'Administration du PNUE
(CA) adopta la Décision 18/32 invitant l'IOMC, l'IFCS et le Programme
International sur la Sécurité Chimique (IPCS) à entamer un
processus d'évaluation portant sur une première liste de 12 POPs. En
réponse à cette invitation, l'IFCS convoqua un Groupe de Travail Spécial
sur les POPs, lequel devait élaborer un plan de travail pour l'évaluation
de ces substances. Les études inclurent les données disponibles
concernant la composition chimique, les sources, la toxicité, la
dispersion environnementale et l'impact socio-économique des 12 POPs
en question.
En juin 1996, le Groupe de Travail Spécial tint
une réunion d'experts à Manille, aux Philippines, et conclut que des
données suffisantes existaient pour démontrer qu'une action
internationale est nécessaire pour minimiser les risques posés par
les 12 POPs, y compris l'élaboration d'un instrument juridique
contraignant. La réunion envoya au Conseil d'Administration du PNUE
et à l'Assemblée Mondiale de la Santé (WHA) une recommandation
stipulant qu'une action internationale doit être entreprise immédiatement.
En février 1997, le Conseil du PNUE adopta la Décision 19/13C
endossant les conclusions et les recommandations de l'IFCS. Le Conseil
requit que le PNUE, en collaboration avec les organisations
internationales pertinentes, prépare et organise un comité
intergouvernemental de négociation (CIN) ayant pour mandat, l'élaboration,
d'ici l'an 2000, d'un instrument juridique international contraignant
pour la mise en application de l'action internationale, en commençant
par les 12 POPs spécifiés. La première réunion du CIN fut également
requise d'établir un groupe d'experts chargé de l'élaboration de
critère scientifiques et une procédure d'identification d'autres
POPs pour l'action internationale future. En février 1997 toujours,
la seconde réunion de l'IFCS décida que le Groupe de Travail Spécial
de l'IFCS continue à aider aux préparatifs des négociations. En mai
1997, la WHA endossa les recommandations de l'IFCS et requit que
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) participe activement aux négociations
de l'instrument international.
Le CIN-1: La première session du Comité
Intergouvernemental de Négociation se tint du 29 juin au 3 juillet
1998 à Montréal, au Canada. Les délégués de près de 90 pays,
ainsi que les représentants des agences des Nations Unies, des
organisations non gouvernementales (ONG), des organisations
intergouvernementales (OIG) et de l'industrie, s'y retrouvèrent animés
clairement d'un esprit de coopération, pour un objectif commun et une
responsabilité partagée. Les délégués firent part de leur détermination
à endiguer ce qui est désormais perçu à l'échelle universelle
comme étant une menace très réelle et très sérieuse posée à la
santé humaine et à l'environnement. Le CIN-1 élut les membres de du
Bureau et se pencha sur son programme de travail, ainsi que sur les éléments
possibles à inclure dans l'instrument juridique international. Le
CIN-1 requit du Secrétariat l'élaboration pour le CIN-2, d'un
document renfermant le matériau pouvant être inclus dans
l'instrument juridique contraignant sur la base des discussions du
CIN-1 et des soumissions des gouvernements et des ONG qui auront été
reçues d'ici septembre 1998.
Le CIN-1 établit également le Groupe d'Experts
chargé de l'élaboration des Critères (GEC), ainsi que le groupe de
travail chargé des aspects ayant trait à la mise en application du
futur instrument, tels que ceux touchant à l'assistance technique et
financière. Le CIN-1 établit le GEC sous forme de groupe de travail
technique à composition non limitée, chargé d'élaborer des
propositions pour des critères de base scientifique et une procédure
d'identification d'autres POPs pour l'action internationale future, à
présenter au CIN lors ou avant sa quatrième session. Le CIN-1
demanda au GEC d'inclure les critères ayant trait à la persistance,
à la bio-accumulation, à la toxicité et à l'exposition dans différentes
régions en tenant compte des potentialités du transport régional et
mondial, y compris du point de vue des mécanismes de dispersion dans l'atmosphère et l'hydrosphère, des espèces
migratrices et de la nécessité de rendre compte des influences éventuelles
du transport maritime et des climats tropicaux.
Le GEC-1: La première session du Groupe
d'Experts chargé de l'élaboration des Critères se tint du 26 au 30
octobre 1998 à Bangkok, en Thaïlande. Plus de 100 délégués représentant
près de 50 pays s'y sont rassemblés pour examiner le programme de
travail GEC, y compris l'élaboration de critères de base
scientifique pour l'identification d'autres POPs pour l'action
internationale future. Au GEC-1, les délégués devaient considérer
également l'élaboration d'une procédure d'identification de POPs
additionnels, y compris les données requises aux différentes étapes
de la procédure et l'entité chargée de la désignation et de l'évaluation
de la substance potentielle.
Le CIN-2 : La seconde session du Comité
Intergouvernemental de Négociation se déroula du 25 au 29 janvier 1999 à Nairobi, au Kenya. Les
délégués de plus de 100 pays s'y réunirent pour examiner les éléments
pouvant être incorporés dans l'instrument juridique contraignant.
Les discussions du CIN-2 furent largement basées sur une esquisse étendue
de l'instrument juridique, préparée par le Secrétariat. Après un débat
général sur ce document, les délégués se répartirent en Groupes
de Négociation et de Mise en Application. Le Groupe de Négociation
examina le texte de l'esquisse et paracheva les discussions préliminaires
sur : les mesures de réduction ou d'élimination de l'utilisation des
POPs dans l'environnement; les plans nationaux de mise en application;
l'échange des données; l'information, la conscientisation et la
sensibilisation du public, et la recherche, le développement et le
suivi. Le Groupe de Mise en Application tint des discussions générales
sur les activités possibles en matière de renforcement des capacités
nécessitant une assistance technique et financière. Ces discussions
devaient aboutir à un premier consensus qui servira de base à l'élaboration
des articles consacrés à ces sujets. Un groupe de contact sur les
annexes devait également se réunir pour commencer à placer dans les
annexes les 12 POPs interdits à la production et à l'utilisation,
les produits chimiques dont la production et l'utilisation doivent être
restreintes, et les produits chimiques devant être assujettis à des
rapports d'utilisation et à des mesures de réduction ou d'élimination.
Le GEC-2 : La seconde session du Groupe
d'Experts chargé de l'élaboration des Critères se déroula du 14 au
18 juin 1999 à Vienne, en Autriche. Près de 140 participants représentant
60 pays devaient prendre part à cette réunion pour poursuivre les réalisations
du GEC-1 dans l'élaboration des critères scientifiques et la procédure
d'adjonction de POPs additionnels à la liste initiale des 12
substances identifiées pour l'action internationale. Le GEC réussit
à terminer ses travaux en deux sessions au lieu de trois, l'accord
ayant pu être réalisé sur la plupart des questions importantes. La
procédure proposée prévoit l'établissement d'un comité ou de
comités d'évaluation pour l'application des critères et l'élaboration
d'un descriptif des risques et d'une évaluation de la gestion des
risques pour les substances qui seront proposées. Le rapport final
sera présenté au CIN-3.
A SUIVRE AUJOURD'HUI
Les délégués se réuniront en session Plénière
pour entendre les allocutions d'ouvertures, adopter le programme de
travail et procéder à l'examen du rapport final du GEC. Philippe
Roch, Directeur de l'Agence Suisse de l'Environnement, des Forêts et
du Paysage, et le Dr Klaus Töpfer, Directeur Exécutif du PNUE présenteraient
leurs remarques d'ouverture. Les délégués entameraient la considération
des mesures de réduction ou d'élimination de l'utilisation des POPs
dans l'environnement immédiatement après la session d'ouverture.
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