Daily report for 26 January 2005
Mercredi, les participants la Confrence Internationale Biodiversit: Science et Gouvernance se sont runis en sessions plnires et en sances dateliers. Le matin, la Plnire a entendu des exposs sur la biodiversit et la gestion des ressources vivantes. Laprs-midi, des ateliers se sont runis autour des thmes: de la gouvernance de la biodiversit; de lagriculture; de la sensibilisation environnementale et de la communication en matire de biodiversit; de lapproche intgre lgard de la biodiversit; de linnovation; des indicateurs et de lobjectif 2010; des rgimes dappropriation et des systmes de gestion; et de la gestion de la biodiversit tropicale et subtropicale les forts et les les.
NDLR: la couverture des ateliers a t limite ceux dcrits plus loin, dont la slection a t faite suivant des priorits dfinies par les organisateurs de la Confrence.
PLENIERE
BIODIVERSITE ET GESTION DES RESSOURCES VIVANTES: Peter Schei, Prsident de BirdLife International, a prsid la session consacre au thme biodiversit et gestion des ressources vivantes. Il a dclar que le dfi le plus important relever dans la gestion des ressources naturelles, intresse davantage les facteurs socioconomiques que les connaissances scientifiques.
Exposs: Jeremy Jackson, du Smithsonian Tropical Research Institute, a parl de la biodiversit marine et de la viabilit des pcheries. Soulignant que ltat de la biodiversit des ocans est pire que celui de la biodiversit de la terre ferme, il a dclar que les principaux facteurs contribuant la dgradation du milieu marin englobent: lrosion dun grand nombre despces marines; la destruction des plateaux continentaux; lexpansion des espces exotiques envahissantes; le rchauffement des ocans; la contamination de la chane alimentaire marine; et leutrophie. Il a conclu que lun des plus grands dfis relever par les pcheries viables, consiste passer de la dgradation du milieu marin un rtablissement satisfaisant pour ltre humain.
Emile Frison, Directeur de lInstitut International des Ressources Phytogntiques, a prsent un expos sur le thme biodiversit et agriculture, ax sur le rle de lagriculture dans la ralisation des Objectifs de Dveloppement du Millnaire. Soulignant que 854 millions de personnes souffrent encore de la faim et que 2 milliards de personne souffrent de malnutrition, il a expliqu la manire dont lutilisation de la biodiversit peut aider lallgement de la pauvret et de la faim. Il a prcis que laccroissement de la productivit et la diversification de la dite exigent une meilleure utilisation de la biodiversit, y compris, une plus grande diversit gntique et une utilisation la fois plus large et plus intensive des espces. Il a recommand: une focalisation sur les cultures traditionnels ngliges et sous exploites; lamlioration des pratiques culturales; la diversification des produits; et linvestissement dans lagriculture.
David Kaimowitz, Directeur Gnral du Centre International de Recherche Forestire, a soulign que ltre humain fait partie intgrante de la vie forestire. Faisant noter que bon nombre dtres humains vulnrables sont tributaires des forts, il a souhait voir laccent plac plutt sur les moyens dexistence menacs de disparition que sur uniquement la biodiversit menace drosion, et a prsent des exemples illustrant limportance des plantes mdicinales et de la viande de brousse, pour les populations locales. Soulignant que la prservation de la biodiversit peut constituer une menace pour ces moyens dexistence, il a appel des rgulations tenant compte des priorits locales. Kaimowitz a conclu quune compensation long terme est cruciale pour la prservation.
Madhav Gadgil, de lIndian Institute of Science, a parl des dimensions culturelles et de lutilisation locale de la biodiversit, focalisant son propos sur le savoir cologique et pratiques prservatrices des communauts locales. Il a dclar que le savoir traditionnel est pratique, exprientiel et localis, et quil profite beaucoup la prservation de la biodiversit. Il a galement soulign que les pratiques de prservation doivent tre bien en phase avec la variabilit des cosystmes complexes. Il a plaid en faveur de llaboration dun registre des pratiques de la prservation de la biodiversit, pour aider la conception des plans de prservation et de gestion. Gadgil a soulign limportance de la communication entre les scientifiques et les populations locales, car les premiers sont dtenteurs de connaissances scientifiques et de technologies et les autres sont dtenteurs de savoirs cologiques pratiques et de sagesse traditionnelle.
Table ronde: Le Prsident de la Table ronde, Mohan Munasinghe, de lInstitut Munasinghe pour le Dveloppement du Sri Lanka, a dclar que le tsunami qui a frapp rcemment la rgion du Sud-est asiatique a rvl quune gestion environnementale inefficace peut diminuer les capacits de rsistance des cosystmes et rendre les populations vulnrables aux catastrophes naturelles.
Soulignant que les organismes gntiquement modifis constituent une menace pour la diversit biologique et culturale, Giuseppe Ambrosio, du Ministre Italien de la Politique Agricole et des Forts, a mis en garde contre leur utilisation dans lagriculture.
Natarajan Ishwaran, de lUNESCO, a dclar que la dcision prise par le gouvernement australien daccrotre le nombre de zones interdites la pche dans la rgion du Great Barrier Reef, illustre bien linteraction tablie entre la science, la gouvernance et la dcision politique.
Jean-Luc Roux, de Greenpeace International, a soulign limportance de la bonne gouvernance et de limplication de tous les acteurs, y compris les communauts locales, dans les efforts visant faire face lexploitation forestire illgale et la pche illicite.
Rosala Arteaga Serrano, Secrtaire Gnrale de lOrganisation du Trait de Coopration de lAmazonie, a soulign que les pays industrialiss sont largement responsables du dclin de la biodiversit de lAmazonie, a cause de leurs subventions agricoles et de leur achat du bois duvre rcolt de manire illgale et danimaux issus de prises illicites.
Les reprsentants des Jeunes ont fait part de leurs rserves concernant ltat de la biodiversit mondiale.
ATELIERS
GOUVERNANCE: Bertrand-Pierre Galey, Directeur Gnral du Muse National Franais dHistoire Naturelle (MNHN), a mis en exergue le rle des muses dans lducation et dans les changes dinformations.
Hamdallah Zedan, Secrtaire Excutif de la Convention sur la Diversit Biologique (CDB), a prsent une dclaration thme, dans laquelle il a soulign le besoin: dune coordination entre les accords ayant trait la biodiversit; dune communication entre les correspondants nationaux des divers accords internationaux; et de limplication des communauts locales dans les processus politiques nationaux.
David Brackett, de Environment Canada, a prsid la sance de latelier consacr lefficacit des mesures de prservation et dutilisation durable. Dans sa dclaration thme, Joshua Bishop, de lUICN, a prsent des tudes de cas portant sur la valorisation des forts europennes et des cosystmes de la plante, ainsi que sur les cots des dgts environnementaux, pour montrer limportance de la prservation de la biodiversit et de son utilisation de manire viable. Il a plaid en faveur de louverture de nouveaux marchs pour la prservation de la biodiversit, du comblement des lacunes dans le financement de la prservation et de laccroissement de laide au dveloppement destine la biodiversit. Il a suggr les formules suivantes pour mesurer lefficacit de la prservation de la biodiversit: les cots de la prservation par rapport au revenu par habitant; les cots dopportunit de la prservation; et lanalyse du rapport cot bnfice de la prservation.
Dans le dbat qui a suivi, un participant a propos ltablissement dun systme permettant de faire payer ceux qui tirent profit de la prservation de la biodiversit. Dautres intervenants ont suggr la mise en place de systmes de proprit foncire et de droits de proprit intellectuelle (DPI), en guise de nouveaux instruments.
Au cours du dbat qui a suivi, Aldo Consentino, du Ministre Italien de lEnvironnement, a soulign le besoin de sensibiliser le public et dintgrer diverses mesures favorisant la prservation. Leon Rajaobelina, Directeur Excutif du Centre Malgache pour la Prservation de la Biodiversit, a parl de lexprience de son pays dans le domaine de lamlioration de lefficacit des mesures de prservation. Il a affirm que le financement international, les politiques et les lgislations nationales, et les systmes locaux de recouvrement direct, sont des lments importants. Stefan Leiner, de la Direction Gnrale de lEnvironnement de la CE, a dclar que toutes les mesures et tous les instruments disponibles devraient sapporter un soutien mutuel et tre intgrs. Braulio Dias, du Ministre Brsilien de lEnvironnement, a mis laccent sur la ncessit dintgrer la prservation de la biodiversit dans le dveloppement conomique et social. Jean-Marc Michel, du Ministre Franais de lEnvironnement, a dclar que la protection et la bonne gestion sont galement importantes pour la prservation de la biodiversit. Tom Dedeurwaerdere, de lUniversit Catholique de Louvain, a dclar que les DPI peuvent servir engendrer des ressources pour la prservation de la biodiversit et les profits tirs de la prservation de la biodiversit devraient tre partags avec les communauts locales.
AGRICULTURE: Le Prsident de lAtelier, Harison Randriarimanana, Ministre Malgache de lAgriculture et de la Pche, a soulign la difficult dpasser la contradiction entre production et prservation.
Bernard Hubert, de lInstitut National Franais pour la Recherche Agricole (INRA), a dclar que la difficult rside dans le fait que lon considre la gestion des ressources naturelles comme un processus issu dun croisement entre agronomie, cologie, sciences sociales, et savoirs traditionnels.
Jeffrey McNeely, de lUICN, a prsent les vues des gestionnaires de la biodiversit sur lagriculture. Il a dcrit les voies et moyens damliorer le lien entre biodiversit et agriculture, notamment: lutilisation de mesures incitatrices pour la prservation de la biodiversit sauvage; la compensation des agriculteurs pour les dgts causs par les espces sauvages; la reconnaissance de la valeur des systmes agricoles traditionnels et des droits fonciers des autochtones; la leve des barrires commerciales; et le recours aux technologies modernes.
Maria Fuentes, de la Direction Gnrale de lAgriculture, de la CE, a parl de la manire dont les proccupations concernant la biodiversit, sont intgres dans la rforme de la Politique Agricole Commune de lUnion Europenne (UE), dcrivant les principales menaces et pressions, ainsi que les principaux obstacles poss, y compris, la faiblesse du soutien public et labsence defforts de conscientisation. Elle a mis en exergue ladoption du Plan dAction relatif la Biodiversit Agricole, qui utilise des mesures agro-environnementales.
Jean-Claude Lefeuvre, du MNHN, a donn un aperu historique sur le lien entre lagriculture et la biodiversit.
Guy Riba, de lINRA, a parl des voies et moyens de passer de lagriculture lco-agriculture, suggrant que la recherche se focalise, entre autres, sur le rle fonctionnel de la biodiversit, lcotoxicologue, les ressources gntiques, les pratiques propres et la diversification des espces. Sagissant de la gouvernance, il a soulign la ncessit de promouvoir lco-agriculture tous les niveaux, dadapter les lgislations et les politiques rgissant laide, et de promouvoir les pratiques novatrices.
Les participants ont entendu des exposs dtudes des cas portant sur: la culture des crevettes Madagascar; la gestion de lAmazonie Brsilienne par les populations traditionnelles et migrantes; et, lagriculture base sur les cosystmes de pturage et la diversit microbienne dans les systmes de production laitire dans les Alpes du Nord.
INNOVATION: Pierre Porcher, du Centre Franais de Recherche Scientifique, a introduit la session consacre au thme innovations et biodiversit, en soulignant que lutilisation des ressources de la biodiversit a des implications juridiques et thiques.
Le Prsident de lAtelier, Bana Bihari Jana, de lUniversit de Kalyani, en Inde, a dfini lingnierie cologique comme tant la conception dcosystmes viables intgrant la socit humaine avec lenvironnement naturel, au profit des deux. Il a prcis que la biodiversit peut tre un modle pour linnovation technique et, son tour, lingnierie cologique peut rtablir les habitats et amliorer les moyens dexistence. Citant des exemples de gestion cologique des dchets, y compris dans le domaine de laquaculture alimente par les eaux uses, il a dclar que la conscientisation du public peut constituer un mcanisme efficace pour la prvention de lrosion de la biodiversit.
Mark Ayre, de lAgence Spatiale Europenne, a labor sur la biomimtique, qui est lart de copier les matriels et les mcanismes biologiques des fins dingnierie. Il a cit des exemples intgrant des muscles artificiels, des mcanismes de forage et de creusage, des plans architecturaux, et des vols. Soulignant que la biologie est un bon canevas pour la gestion de la complexit, il a prcis que notre comprhension accrue de la complexit peut contribuer la prservation de la biodiversit.
Rene Borges, de lIndian Institute of Science, a parl de lincapacit de lHomme valoriser de manire effective les cosystmes et les produits naturels. Elle a montr que les composants chimiques naturels peuvent servir, entre autres, la fabrication de mdicaments et de pesticides naturels et au ralentissement des processus dfavorables tels que la formation de bio films, et a labor sur lchelle et la nature de lutilisation des plantes mdicinales, en Inde, et sur les difficults qui y sont rencontres.
Abordant le sujet de la rhabilitation des terres humides, William Mitsch, de lUniversit de lEtat de lOhio, a dclar que les terres humides constituent le systme rnal du paysage, car elles nettoient leau et diminuent les effets des inondations. Mettant en lumire la vulnrabilit des terres humides, en particulier au drainage, il a dclar que les terres humides peuvent tre rhabilites ou mme cres, pour peu que les plans prennent en ligne de compte les principes cologiques des terres humides.
Moses Mugabi, de la Kasese Cobalt Company, a prsent une tude de cas portant sur lutilisation des micro-organismes pour la rhabilitation, en Ouganda, dune zone souffrant dune dgradation environnementale due aux activits minires. Il a prcis que les russites du projet englobent: la rgnration de la vgtation locale et de la biodiversit associe; la cration demplois; une prise de conscience environnementale accrue; la fourniture deau; une infrastructure amliore; et un transfert de connaissances.
INDICATEURS ET OBJECTIF 2010: Dominique Richard, du Centre Europen de la Biodiversit, et Denis Couvet, du MNHN, ont prsent diffrent types dindicateurs de la biodiversit ainsi que les exigences requises dans ce domaine.
Jo Mulongoy, de la CDB, et Gordon McInnes, de lAgence Europenne pour lEnvironnement, a parl des objectifs moyen terme, des buts ultimes et des indicateurs utiliss par la CDB et par lUE pour lvaluation des progrs accomplis dans la ralisation de lobjectif 2010, consistant rduire de manire significative le taux actuel des pertes subies par la biodiversit. Ils ont prcis que les indicateurs de la biodiversit doivent tre, entre autres, pertinents aux politiques, abordables, sensibles, scientifiquement rationnels et largement accepts.
Le Prsident de lAtelier, Andrew Dobson, de lUniversit de Princeton, a parl des objectifs scientifiques derrires les indicateurs de la biodiversit, soulignant limportance de llvation du profil des indicateurs environnementaux, aux yeux du public.
Charles McNeil, du Programme des Nations Unies pour le Dveloppement, a parl de la campagne biodiversit et Objectifs de Dveloppement du Millnaire (ODM). Il a expliqu les raisons de linterdpendance des ODM et de lobjectif 2010, et a recommand la prise de mesures visant rendre les ODM plus en phase avec la biodiversit.
David Sheppard, de lUICN, a parl des objectifs des aires protges (AP), soulignant quils doivent: tre ambitieux, traiter lchelon national, impliquer des partenariats efficaces et tre suivis de manire efficace. Il a galement soulign limportance de ltablissement, pour les AP, dobjectifs la fois quantitatifs et qualitatifs.
McNeely a prsent des scnarios prvisionnels en soutien aux dcisions politiques. Il a appel des indicateurs capables de modifier le comportement des consommateurs, tels que des prix, refltant les cots environnementaux rels des produits.
Don Waller, de lUniversit du Wisconsin, a parl des causes et des moteurs de lrosion de la diversit vgtale des paysages forestiers. Il a conclu que le dclin des populations vgtales sopre souvent de manire inaperue en raison de la pnurie des donnes de base.
Romain Juilliard, du MNHN, a parl des russites actuelles et des dfis futurs des indicateurs multi-espces bass sur le suivi grande chelle des oiseaux communs. Il a soulign que les indicateurs appliqus aux oiseaux sauvages sont activement utiliss par les dcideurs politiques, en Europe.
Stuart Butchart, de BirdLife International, a parl de la manire dont lIndexe de la Liste Rouge de lUICN peut servir mesurer lvolution des menaces pesant sur la biodiversit. Il a prcis que lIndexe peut aider mesurer les changements survenus dans ltat gnral des menaces poses, et venir complmenter les indices dmographiques de base, dans la rsolution et la reprsentativit.
Frdric Gosselin, de Cemagref, a parl des indicateurs, des gradients cologiques et de la slection des modles, se focalisant sur une composition de trois espces, en guise dindicateur appliqu la diversit floristique des forts.