Daily report for 25 January 2005
Mardi, les participants la Confrence Internationale Biodiversit: Science et Gouvernance se sont runis en Plnire tout le long de la journe. Ils ont planch sur la question de ltat actuel et de lvolution de la biodiversit mondiale, le matin, et sur celle des avantages cologiques et sociaux de la biodiversit, laprs-midi.
PLENIERE
ETAT ACTUEL ET EVOLUTION DE LA BIODIVERSITE MONDIALE: Mary Arroyo, de lUniversit du Chili, a prsid la session plnire consacre la question de ltat actuel et de lvolution de la biodiversit mondiale.
Georgina Mace, de la Socit Zoologique de Londres, a prsent laudit mondial de ltat actuel de la biodiversit, tabli sur la base de trois tudes: lEvaluation Ecosystmique du Millnaire, lEvaluation Mondiale des Espces, de lUICN de lUnion Internationale pour la Conservation de la Nature, et lEco-rgions de la WWF. Sagissant du niveau intra-espces, elle a prcis que les renseignements sont pars, que les donnes disponibles ne portent uniquement que sur les espces essentielles lalimentation et lagriculture, et que les renseignements concernant les populations sont limits aux chelles rgionales et aux vertbrs. Au sujet du niveau des espces, elle a not que les renseignements et les donnes disponibles sont limits aux grands groupes despces, et que la diversit des espces se situe entre 5 et 30 millions, dont 2 millions seulement sont identifis. Elle a soulign que lestimation du taux dextinction des diffrentes espces se situe entre 1 et 12 millions despces par an, et que, selon la Liste Rouge tablie par lUICN, 12 52 % des espces appartenant aux taxons levs, sont menaces dextinction. Au sujet des cosystmes, elle a expliqu que lrosion des habitats a t constante et quelle se poursuivrait. Mace a mis galement en lumire: les lacunes importantes dans les connaissances concernant, en particulier, certains taxons importants, comme les invertbrs, les plantes et les champignons; la ncessit de procder ltude de lvolution de la biodiversit sur la base de mesures comparable sur des priodes de temps donnes; le manque dtudes au niveau gntique; la connaissance moindre des habitats des milieux marins et deaux douces par rapport aux habitats terrestres; et la mauvaise comprhension des effets des changements survenus dans la biodiversit, sur les services cosystmiques.
Michael Donoghue, de lUniversit de Yale, a prsent les dfis relever dans les domaines de la documentation et de la classification de la biodiversit. Il a dcrit le rle de la croissance dmographique dans la destruction des habitats et lhomognisation des biotopes. Il a identifi les problmes poss lestimation des nombres des espces, y compris des espces cryptiques, des diffrentes populations au sein des espces et des ressources affectes la recherche portant sur des taxons particuliers. Il a attir lattention sur le manque de connaissances concernant le nombre despces marines, en particulier, les organismes bactriens marins. Au sujet de la relation phylognique existant entre les espces, il a prsent des exemples de rapports volutionnaires inattendus entre diverses espces. Il a galement mis en relief limportance de lextraction de donnes des 2,6 milliards de spcimens du monde entier, qui se trouvent dans les muses, et a soulign que lventail des outils didentification des espces sest largi danne en anne mais que bon nombre doutils de laboratoire sont encore inaccessibles aux pays en dveloppement. Donoghue a galement soulign limportance de la mise contribution de la technologie et de laccroissement des ressources humaines et du renforcement des capacits dans le domaine de lidentification des espces. Il a affirm que les outils actuellement disponibles sont en mesure de rvolutionner lidentification des espces, pour peu quils soient assortis dengagements financiers et politiques.
Achim Steiner, Directeur Gnral de lUICN, a suggr de plutt expliquer pourquoi la biodiversit est importante que de se focaliser sur lextinction et sur la biodiversit non encore dcouverte. Faisant constater une augmentation des zones de la Plante devenues aires protges, il a fait part de sa satisfaction quant aux russites enregistres rcemment dans le domaine de la prservation de la biodiversit. Il a soulign la ncessit dunifier les approches et les stratgies et de dterminer des objectifs communs, notant que lapproche cosystmique fournit un parapluie sous lequel la recherche, la gestion et la prservation peuvent tre alignes. Steiner a encourag une participation accrue du Sud dans la prservation, et a dclar que la nature ne devrait pas tre assujettie uniquement aux analyses conomiques du rapport cot-bnfice. Faisant lloge des initiatives telles que la Liste Rouge de lUICN et lEvaluation Mondiale des Espces, il a mis en garde que le problme nest pas tant celui de llaboration des preuves lmentaires que de convaincre la socit oprer des changements. Plutt quun service dinformation centralis, il a plaid pour lamlioration de linterface et de la connectivit entre les diffrentes sources disponibles, en particulier dans les pays en dveloppement. Steiner a suggr de communiquer que la biodiversit est essentielle lradication de la pauvret et, mettant en relief le pouvoir du march, a dclar que le commerce peut tre une solution et non un problme.
Le Prsident de la Table Ronde Jose Sarukhan, de lInstitut Ecologique National du Mexique, a invit les panlistes changer leurs vues concernant le rle des chercheurs et des naturalistes amateurs et concernant le point de savoir si un centre international spcialis en biodiversit tait ncessaire.
Peter Bridgewater, Secrtaire Gnral de la Convention de Ramsar sur les Terres Humides, a appel une focalisation sur le rle de la biodiversit dans la fourniture des services cosystmiques, traitant galement des zones froides et des zones humides de lhabitat de la biodiversit, et de lamlioration des synergies pour les avis scientifiques. Il a soulign la ncessit dune gestion adaptive et dune approche prventive.
Thomas Lovejoy, Prsident du Centre Heinz, a soulign la ncessit de dterminer les voies et moyens de montrer les liens existant entre la biodiversit et dautres questions, y compris ltude de la ractivit de la nature face aux changements climatiques.
Catherine Day, Directrice Gnrale de lEnvironnement au sein de la Commission Europenne (CE), a ax son intervention sur les besoins des dcideurs politiques, soulignant la ncessit de davantage de science, de meilleurs outils de mesure, et dindicateurs politiquement pertinents. Elle a prcis que les dfis relever englobent lintgration de la biodiversit dans les autres politiques et la persuasion des dcideurs politiques que les mesures de prservation de la biodiversit, y compris ltablissement daires protges, constituent un investissement pour lavenir.
Bertrand Tramier, Directeur Excutif de la Total Corporate Foundation, a soulign le besoin dune meilleure comprhension des liens entre lindustrie et la prservation de la biodiversit, et a mis en relief les activits menes par Total dans le domaine de la biodiversit, notamment la cration dune fondation pour la prservation de la biodiversit et des mers.
Mace, appuye par Lovejoy, a dclar que les aires protges ne sont pas lunique rponse pouvant tre apporte lrosion de la biodiversit, et que les tre humains doivent apprendre vivre de manire durable avec la nature. Elle a encourag les scientifiques collaborer aux projets de grande chelle visant concrtiser lobjectif 2010.
Dans le dbat qui a suivi, les participants ont soulign le besoin: de dialogues ouverts entres le commerce et lindustrie, les gouvernements, les organisations internationales et les scientifiques, sur lutilisation du bois duvre certifi; dun soutien accru de la part des gouvernements, en faveur des communauts locales, pour une utilisation durable de la biodiversit; dun partage des avantages; de partenariats entre le Nord et le Sud, axs sur la recherche scientifique et la formation; et dapproches interdisciplinaires.
AVANTAGES ECOLOGIQUES ET SOCIAUX DE LA BIODIVERSITE: Jacques Weber, Directeur de lInstitut Franais de la Biodiversit, a prsid la session plnire consacre au thme des avantages cologiques et sociaux de la biodiversit.
David Tilman, de lUniversit de Minnesota, a prsent le travail de recherche men sur le lien entre les services cosystmiques et la biodiversit. Il a donn un aperu historique sur les premires thories cologiques qui associaient la haute productivit des domaines levs de la biodiversit. Il a galement prsent les rsultats de la recherche mene au cours de la dcennie coule, confirmant ces premires thories et dmontrant que lrosion de la biodiversit conduit un dclin: de la productivit vgtales; de lefficacit de lutilisation des ressources vgtales; de la stabilit et de prvisibilit des cosystmes; et de la fixation du carbone. Tilman a galement prsent des travaux de recherche montrant que lrosion de la biodiversit peut aboutir des risques accrus dinvasions par des espces exotiques. Il a prcis que les services cosystmiques englobent la productivit, la qualit de leau, la stabilit des cosystmes et la protection contre les espces exotiques envahissantes. Soulignant que la vraie valeur des services cosystmiques est souvent nglige, il a soulign quune politique environnementale sage est celle qui sattelle optimiser la fois la quantit et la qualit de ces services au profit de la socit. Dans le dbat qui a suivi, les participants ont appel un accroissement des pratiques cologiques dans les politiques agricoles et lidentification dalternatives viables pour les agriculteurs qui utilisent des terres riches en biodiversit, des fins agricoles, dans les pays en dveloppement.
Andrew Dobson, de lUniversit de Princeton, a trait des liens entre biodiversit et sant humaine. Il a affirm que de nombreux pathognes ne sont aptes menacer les tres humains que lorsque leur environnement naturel a subi des perturbations, et a argu que les solutions rudimentaires apportes aux maladies sont souvent les plus efficaces. Soulignant limportance de la mise en lumire des connaissances cologiques, il a dcrit les interactions entre les pathognes, les systmes immunitaires des tres humains, la rsistance aux mdicaments, la densit dmographique, la densit du cheptel, la biodiversit et le climat. Dobson a prcis que les espces exotiques deviennent envahissantes souvent parce quelles ne trouvent pas les parasites qui les infestent dans leur habitat naturel, et que les espces exotiques peuvent introduire des parasites capables de menacer dextinction les espces autochtones. Il a expliqu que llimination des pathognes des systmes naturels, comme cela a t fait des fins agricoles dans certains endroits, influence grandement le fonctionnement dun cosystme. Il a soulign que la biodiversit est une importante barrire contre les maladies et, en particulier, contre les maladies transmises par des vecteurs comme le paludisme, car les vecteurs tendent sattaquer aux tres humains lorsque la biodiversit saffaiblit. Il a conclu que la description des chanes alimentaires et de la toile des cosystmes en termes mathmatiques constitue le plus grand dfi scientifique relever au 21e sicle.
Charles Perrings, de lUniversit de York, a prsent un expos sur lconomie et la valeur de biodiversit et des services cosystmiques. Il a expliqu que la valeur anthropocentrique de la biodiversit et des cosystmes drive de la valeur des biens et services quils fournissent, laquelle englobe des valeurs dutilisation directe, des valeurs dutilisation indirecte, et des valeurs non utilitaires ou passives. Il a fait observer que la biodiversit soutient le fonctionnement et les processus des cosystmes, qui, leur tour, soutiennent la production des biens et services commercialisables. Il a prcis, quen termes conomiques, la biodiversit est quivalente un portefeuille dactifs, et que les efforts de prservation devraient tre dsigns en fonction des moyens et du rapport de covariance du portefeuille. Perrings a prcis que lconomie devrait tre intgre dans les efforts et les plans de prservation, et a suggr de procder la dtermination des domaines dans lesquels les services cosystmiques sont en train de se rarfier, aux fins dy orienter les efforts de prservation.
Christian Krner, de lUniversit de Ble, a parl des changements climatiques et de la biodiversit, en se focalisant sur les espces vgtales non vivantes et sur les variations du dioxyde de carbones (CO2). Au sujet des effets indirects du CO2 exercs sur la biodiversit travers les changements climatiques, il a prsent les dcouvertes de la recherche sur les changements climatiques survenu dans les climats froids et les cosystmes montagneux, soulignant que les dcalages microclimatiques peuvent tre cinq fois plus importants que dans les scnarios mis par le Groupe Intergouvernemental sur lEvolution Climatique. Krner a prcis que les effets du rchauffement de la surface de la plante englobent: des changements nets dans la frquence des espces; le fait que le climat devient plus sec dans certaines parties du globe; lrosion des taxons travers les scheresses; et lrosion des forts due laugmentation du nombre des feux forestiers. Au sujet des effets directs du CO2 sur la biodiversit, il a dcrit les rponses apportes des taxons particuliers de flore et de faune. Il a parl du changement de focalisation opr dans le domaine de la recherche axe sur le climat, o on est pass de la fixation du carbone aux effets exercs sur la biodiversit.
Le Prsident de la Table Ronde, Harold Mooney, de lUniversit de Stanford et de lEvaluation Ecosystmique du Millnaire, a affirm quune nouvelle approche est ncessaire pour lvaluation des avantages potentiels des cosystmes, et a suggr dutiliser les checs subies dans la prservation de la biodiversit pour inciter les scientifiques plutt que le public entrer en action.
Madeleine Tchuente, Ministre de la Recherche de Scientifique et de lEducation, du Cameroun, a parl de la riche diversit des cosystmes du Cameroun, et a mis en relief les initiatives entreprises dans le domaine de la prservation, et les partenariats mis en place dans le Bassin du Congo.
Au sujet de la mondialisation et de la biodiversit, Perrings a dclar que le problme principal est celui de lincapacit des marchs internationaux traiter lrosion de la biodiversit, et a suggr dintgrer les avis scientifiques concernant les effets environnementaux potentiellement dfavorables de la libralisation du commerce, dans les travaux de lOrganisation Mondiale du Commerce.
Laurent Piermont, Prsident de la Socit Forestire Franaise de la Caisse des Dpts, a labor sur les expriences vcues dans le domaine du financement de la biodiversit travers les mcanismes de march. Il a soulign limportance du gnie cologique cot modr et de la rationalisation des objectifs de la prservation.
Pierre Jacquet, Directeur Excutif du Groupe des Agences Franaise de Dveloppement, a dclar que lvolution des comportements sociaux et politiques est cruciale pour la prservation de la biodiversit, soulignant la ncessit de concilier les intrts des divers acteurs et de mener davantage danalyses conomiques et sociales en rapport avec la biodiversit.
Pierre Valette, du Directorat Gnral de la Recherche, la CE, a soulign la ncessit dtudes sur les consquences conomiques et sociales de lrosion de la biodiversit, assorties dun accent sur la recherche qui aiderait tablir des seuils de durabilit.
Au cours du dbat qui a suivi, abordant la question de lutilisation traditionnelle des herbes mdicinales au Cameroun, Tchuente a prcis que des instituts sont en train de mener des recherches sur les plantes utilises des fins sanitaires. Au sujet des cots et des avantages de la biodiversit, Perrings a indiqu que les avantages pour le public ne doivent pas tre compromis par les gains privs. Un participant a appel les scientifiques du domaine de la biodiversit atteindre le grand public travers des campagnes de sensibilisation plus vigoureux et de meilleurs programmes de communication.