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Daily report for 24 January 2005

La Confrence Internationale sur la Biodiversit, organise par le Ministre franais de la recherche, sest ouverte lundi, au sige de lOrganisation des Nations Unies pour lducation, la science et la culture (UNESCO), sous le thme Biodiversit: Science et Gouvernance. Les participants ont entendu les dclarations liminaires, le matin, et se sont runis en Plnire, laprs-midi, pour procder lexamen des dfis poss la biodiversit, au plan de la science et de la gouvernance.

SESSION DOVERTURE

Franois dAubert, ministre dlgu franais charg de la recherche, a ouvert la Confrence et a souhait la bienvenue aux participants.

Mettant en relief les conclusions de la Confrence mondiale sur la prvention des catastrophes, tenue peu avant la prsente Confrence, Kochiro Matsuura, directeur gnral de lUNESCO, a mis laccent sur les potentialits de la prvention des catastrophes des cosystmes sains, et a appel une amlioration des systmes dobservation mondiaux. Il a exprim lespoir de voir la Dcennie des Nations Unies consacre lducation en matire de dveloppement durable, aider tablir des connections entre la science et la socit. Plaidant pour un dialogue permanent entre scientifiques et dcideurs politiques, il a appel: au renforcement de la recherche; limplication du secteur priv et de la socit civile, y compris les communauts locales et autochtones; au renforcement des capacits; et la prvention des conflits.

Klaus Toepfer, directeur excutif du Programme des Nations Unies pour lEnvironnement (PNUE), a soulign limpact de lrosion de la biodiversit sur lhumanit, et a dclar que la prservation des cosystmes sains est cruciale pour la concrtisation des Objectifs de Dveloppement du Millnaire et pour lapplication de stratgies durables dans les domaines de lutilisation des terres, de lindustrie et du tourisme. Il a mis en exergue les liens entre les changements climatiques, la dsertification et lrosion de la biodiversit, et a appel des investissements dans la cration des capacits et dans une science cohrente, coordonne et utile la politique.

Hamdallah Zedan, secrtaire excutif de la Convention sur la Diversit Biologique (CDB), a soulign quen dpit dune reconnaissance accrue de la valeur de la biodiversit, linformation concernant lrosion de la biodiversit reste limite. Il a mis en relief le dfi auquel la communaut internationale se trouve confronte dans ses efforts visant la ralisation des objectifs 2010 consistant rduire de manire importante le taux actuel des pertes subies par la biodiversit, et a appel une coopration internationale plus forte et une communication plus efficace sur lrosion de la biodiversit et ses effets.

Mohammed Valli Moosa, prsident de lUnion Internationale pour la Conservation de la Nature UICN, a mis en exergue les liens directs entre lrosion de la biodiversit et les activits humaines, mettant en garde que, selon la Liste Rouge de lUICN, plus de 15,000 espces sont menaces dextinction. Il a suggr la mise en place dun cadre accordant la biodiversit une place centrale dans les activits humaines, en se basant sur quatre lments cls: les populations du monde entier; la science; les lois et rglements tous les niveaux; et les forces du march.

Bertrand Collomb, prsident de Lafarge et du Conseil Industriel Mondial pour le Dveloppement Durable, a dclar que le monde des affaires a reconnu limportance de la durabilit et de la prservation de la nature et que des projets soucieux de la biodiversit peuvent amliorer limage publique des entreprises. Il a soulign la ncessit de partenariats, dune dtermination et dune cohrence dans les mesures prises, ainsi que le rle des gouvernements dans la mise en place de cadres daction appropris.

Soulignant que les bonnes politiques sont bases sur la bonne science, Stavros Dimas, commissaire europen charg de lenvironnement, a dclar que lUE continuera travailler pour lintgration des proccupations environnementales dans ses politiques et apporter son soutien au financement des programmes environnementaux, et a soulign le besoin dune action accrue pour la ralisation de lobjectif 2010, de loctroi dune priorit et dun soutien la mobilisation ainsi que dun renforcent des capacits scientifiques et dune meilleure communication des sujets scientifiques ayant trait la biodiversit. 

Nicolas Hulot, prsident de la Fondation Nicolas Hulot, a dclar que la Confrence devrait viser plutt sassurer de la cohrence entre la politique et laction qu amliorer la prise de conscience. Il a soulign quil nexiste pas de conflit entre les divers intrts impliqus dans la biodiversit, et a mis en relief la ncessit dune coopration, dun placement de la socit au cur des proccupations et des actions, et de nouvelles formes de solidarit. 

Matsuura, intervenant au nom du secrtaire gnral de lONU, Kofi Annan, a soulign que la biodiversit est essentielle la vie, et a appel les pays qui ne lont pas encore fait, ratifier la CDB. Il a prcis que la prservation de la biodiversit nest pas la responsabilit des seuls gouvernements, mais galement celle des organisations non gouvernementales, du secteur priv et de lensemble des habitants de la Terre.

Edward Wilson, de lUniversit de Harvard, a dclar quil existe des preuves scientifiques irrfutables des incidences dfavorables des activits humaines sur la biodiversit, dont beaucoup restent encore lucider par la science. Il a expliqu que lexploration et la prservation sont non seulement cruciales, mais galement efficaces au point de vue cot et possibles au point de vue technique, et a appel des processus dcisionnels thiques et fonds sur les faits. Il a soulign que la pauvret inhibe la prservation, et a donn cette citation Lhomme se dfinit non par ce quil cre, mais par ce quil choisit de ne pas dtruire.

Wangari Maathai, vice-ministre kenyan de lenvironnement et des ressources naturelles, laurate du Prix Nobel de la Paix, a pass en revue les enseignements tirs de deux cosystmes montagneux au Kenya, quant lrosion de la biodiversit et de ses effets sur les socits humaines, et a mis en relief les russites enregistres dans le domaine de la rhabilitation travers le reboisement men sous une orientation gouvernementale. Elle a affirm que la volont politique est essentielle pour la prise des mesures ncessaires la prservation de la biodiversit.

Soulignant limportance de ltablissement dun quilibre entre le dveloppement conomique et la prservation des ressources naturelles, Abdullah Badawi, premier ministre malais, a mis en relief les questions cruciales poses la prservations de la biodiversit et notamment: le renforcement des capacit; le dialogue sur la gouvernance de la biodiversit; les ngociations menes dans le cadre de la CDB, sur la question du rgime daccs et de partage des avantages; les droits de proprit intellectuelle; et la mise en application du Protocole de Cartagena sur la Prvention des Risques Biotechnologiques. 

Marc Ravalomanana, prsident de la rpublique malgache, a soulign limportance des thmes de la Confrence pour son pays, mettant laccent sur la richesse de sa biodiversit. Il a parl de la ncessit de concilier les besoins dune croissance conomique rapide et de la prservation de la richesse biologique, arguant que le dveloppement durable, la protection de la nature et la bonne gouvernance sont interconnects. Il a mis en relief le foss existant entre le Nord et le Sud dans le domaine de lexpertise scientifique.

Jacques Chirac, prsident de la rpublique franaise, a soulign que le sort de ltre humain dpend de celui des autres espces, et a propos de crer un groupe intergouvernemental charg dexaminer les volutions enregistres dans le domaine de la biodiversit et de mettre en place un rseau mondial dexperts. Il a prcis que la France a intgr la Charte Environnementale dans sa Constitution, a mis en exergue les politiques mises en place par la France en faveur de la biodiversit, et a propos daccueillir Paris un sminaire de haut niveau sur les droits de proprit intellectuelle, ayant trait la biodiversit. Il a soulign la ncessit de mesures urgentes pour la concrtisation de lobjectif 2010.

PLENIERE

Prside par Peter Raven, du Missouri Botanical Garden, la premire session plnire a t consacre aux dfis poss la science et la gouvernance dans le domaine de la biodiversit. La session a englob une table ronde. 

Le Prsident Raven a fait remarquer quon savait davantage de choses sur la lune que sur les forts pluvieuses de la Terre, et a appel un renforcement de la recherche et davantage de mesures, dactions et de stratgies dcisives bases sur la responsabilit individuelle.

Jacques Blondel, du centre national franais pour la recherche scientifique, a dclar que prserver la biodiversit aujourdhui garantira ses potentialits volutives, et que les pertes subies par la biodiversit sont irrversibles. Affirmant que la Terre traverse actuellement une priode dextinction massive, il a prcis que le dfi relever consiste dterminer la manire dont la perte despces affecte leurs cosystmes, et prvoir la manire dont les fonctions et les services cosystmiques seront affects par les futures extinctions despces. Soulignant que certains seuils irrversibles ont dj t franchis, il a exprim lespoir de voir ces prvisions exercer une influence positive sur les prises de dcisions. Blondel a qualifi la prservation de la biodiversit de question thique, et a appel lintgration des sciences naturelles et humaines. Soulignant que le dveloppement conomique ne peut tre que durable dans les cosystmes qui fonctionnent bien, et que le dveloppement ne peut pas tre durable lorsquil nest pas partag, il a conclu que notre mode de vie a besoin dune rvision radicale.

Michel Loreau, prsident du Comit Scientifique de la Confrence, a parl des dfis relever dans le domaine de la biodiversit. Abordant la question pourquoi la biodiversit est-elle importante?, il a expliqu que lhumanit dpend de la biodiversit en tant que source de denres dutilisation directe, de services cosystmiques, et en tant que patrimoine naturel et de valeurs esthtiques, spirituelles, culturelles et rcratives. Il a prcis que les dfis relever par la science, englobent la dtermination: de la quantit de biodiversit de la plante; de la manire dont la biodiversit est en train de changer et les causes de ce changement; des consquences cologiques des changements survenus dans la biodiversit; et des voies et moyens permettant de bien grer et de bien protger la biodiversit. Loreau a expliqu que sagissant de la gouvernance, les dfis relever englobent: la reconnaissance de limportance de la biodiversit en tant que problme environnemental mondial; la sensibilisation et linformation des citoyens; le dveloppement dune recherche coordonne et le soutien des agences de financement; lutilisation des connaissances disponibles pour la prise de mesures immdiates; lintgration de la prservation de la biodiversit et de lutilisation durable dans le dveloppement conomique et social; et ltablissement dun mcanisme intergouvernemental pour la synthtisation des connaissances scientifiques. Il a indiqu quune version provisoire de lAppel de Paris lanc par les Scientifiques en Faveur de la Biodiversit sera distribue et paracheve durant la Confrence.

Parlant de la mondialisation de lconomie et des changements que connat actuellement la biodiversit, Claude Martin, directeur gnral de WWF International, sest base sur le rapport du WWF utilisant les donnes des 40 dernires annes de lindex de la plante vivante et du plan cologique de lhumanit, pour dmontrer que la mondialisation exerce des effets considrables sur la biodiversit. Il a soulign que, pour faire face cette situation, les gouvernements doivent tablir, dans le processus du dveloppement, des objectifs long terme, intgrant les proccupations environnementales. Martin a galement soulign limpratif dun changement fondamental dans la manire de penser. Sagissant des organismes gntiquement modifis (OGM), il a dclar que ces derniers pourraient accrotre la production alimentaire, mais que sans normes tablies lchelle internationale, ils continueront souvent poser des risques la biodiversit. Il sest flicit de la dclaration concernant la ncessit de payer en retour les communauts locales et autochtones chaque fois que la recherche scientifique aboutit des rsultats et engendre des avantages.

Cristian Samper, de lInstitution Smithsonian du National Museum of Natural History, a fait remarquer que nos connaissances sur la biodiversit se sont beaucoup accrues, mais que la biodiversit continue dcliner. Il a fait galement remarquer que la majeure  partie de la biodiversit de la plante se trouve dans les pays en dveloppement, mais que ce sont les pays industrialiss qui profitent de la plupart des avantages tirs de la biodiversit et qui disposent des connaissances et des capacits permettant de prvenir son dclin. Il a fait tat du dfi pos lutilisation des connaissances scientifiques dans la rhabilitation des espces au bord de lextinction et dans la prvention de la poursuite de la dgradation subie par les cosystmes. Il a appel des synergies entre les conventions ayant trait la biodiversit, et a plaid pour loctroi dune attention accrue: la cohrence entre les politiques mondiales et nationales; au suivi efficace et aux indicateurs; lapplication et au respect des dispositions; et laccs et au partage des avantages. Il a appel des rgles claires rgissant laccs, la traabilit et la transparence, mais a mis en garde contre les politiques qui deviennent des barrires la recherche dans le domaine biodiversit. Au sujet du groupe intergouvernemental sur la biodiversit, Samper a propos diverses manires de renforcer la contribution de la science dans les processus dcisionnels, et notamment: la cration de passerelles au sein de la communaut scientifique; la cration dinterconnections avec dautres thmes; le renforcement des capacits nationales et rgionales; linvestissement dans les sciences fondamentales et celles pertinentes la politique; et le renforcement des mcanismes disponibles, tels que lEvaluation des Ecosystmes du Millnaire. Mettant en exergue la quantit importante de donnes collectes par les muses dhistoire naturelle du monde entier, il a prcis que la responsabilit des muses englobe: la mobilisation des donnes figurant dans les collections et dans la littrature, travers des mcanismes tels que le Centre dInformation sur la Biodiversit Mondiale; lengendrement de nouvelles connaissances travers la recherche; le dveloppement de lducation et de communication; et le renforcement des capacits et de la collaboration en faveur de la biodiversit, avec un accent plac sur les pays dorigine.

Le Prsident de la table ronde, Robert Watson, de la Banque Mondiale, a invit les panlistes se focaliser sur le plus grand dfi pos lutilisation durable de la biodiversit, sur le point de savoir si la prservation de la biodiversit peut tre concilie avec la croissance conomique rapide, et sur les raisons du dcalage existant entre le souci de la socit civile lgard de la nature et sa destruction. 

Jean-Franois Dehecq, prsident de Sanofi-Aventis, a dcrit les dmarches et les questions associes la dcouverte et lexploration des composantes naturelles pour la mise au point des mdicaments, soulignant que les progrs thrapeutiques peuvent tre mis en pril du fait de la non rsolution de la question du brevetage de la biodiversit, lchelon international. 

Maathai a dclar que le plus grand dfi consiste convaincre les dcideurs et la socit que la biodiversit est une priorit, soulignant quen dpit du fait que les tre humains soient aujourdhui mieux informs que 30 ans auparavant, ils continuent dtruire des espces et mettre ainsi en perspective leur propre destruction. Elle a rappel que les consquences de la destruction actuelle seront subies par les gnrations venir.

Russell Mittermeier, prsident de Conservation International, a soulign que la France dispose du plus grand nombre des zones cruciales de biodiversit. Il a prcis que les pays disposant dune trs grande biodiversit et les zones cruciales de biodiversit, devraient constituer des priorits daction pour la ralisation de lobjectif 2010, et a mis en relief le rle des aires protges dans la prservation de la biodiversit.

Harison Randriarimanana, ministre malgache de lagriculture, de llevage et de la pche, a affirm quil est possible de concilier la prservation de la biodiversit avec la croissance conomique rapide et lallgement de la pauvret, dans des pays comme Madagascar, prcisant toutefois, que cela ne peut se produire que si les pauvres, les dcideurs politiques et les scientifiques dcident dagir ensemble.

Wilson a soulign le rle de lducation dans le comblement du foss entre la science, la politique et le public en faveur de la prservation de la biodiversit, et a affirm que labsence dun code thique et de normes morales rgissant les activits humaines constitue lune des raisons qui font que les actions de lHomme tendent porter atteinte lintgrit de la nature. 

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Participants

National governments
US
Negotiating blocs
European Union

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