Daily report for 7 May 2010
Le matin, les délégués à la CDD 18 ont terminé leur examen du thème des modes de consommation et de production durables au cours d’une séance de la matinée. L’après-midi, ils ont abordé les thèmes intersectoriels et transversaux et les moyens de mise en œuvre. Le premier projet de résumé du président sera distribué le lundi matin, 10 mai.
LE DEBAT THEMATIQUE
MODES DE CONSOMMATION ET DE PRODUCTION DURABLES : Le vice-président Jaeckel a présidé le dialogue sur les MCPD. Le conférencier Greg Norris, Université de Harvard, Etats-Unis, a présenté de nouvelles possibilités universelles en émergence de procéder à l’évaluation des chaînes d’approvisionnement de produits. Il a expliqué le caractère mondial de cette transformation fondée sur la transparence et sur l’ouverture d’un accès universel, qui, avec l’aide de l’Internet, favorise la création de nouveaux marchés et fait évoluer les modes de consommation. La conférencière Anna Jones-Crabtree, Département de l’agriculture, Etats-Unis, a décrit les efforts adaptés fournis pour la réduction de l’empreinte du mode de consommation de Service forestier américain. Elle a cité l’exemple des Equipes vertes locales pour illustrer les principaux résultats et enseignements tirés des activités de réduction de la consommation, qui mettent en relief l’action personnelle.
CUBA a déclaré que pour parvenir à réduire la pauvreté, l’économie verte doit être fondée sur les principes du développement durable de la CNUED et du SMDD. L’ITALIE : a souligné que les crises multiples nous amènent à reconsidérer nos modes de consommation et de production, a rappelé aux délégués qu’elle préside le groupe de travail sur l’éducation, relevant du Cadre décennal de programmation, et a posé au Secrétariat la question de savoir comment cette session allait examiner les éléments du cadre décennal de programmation. L’ARGENTINE a déclaré que toute stratégie relative aux MCPD devrait prendre en compte les résultats de Rio et de Johannesburg, et a mis en garde contre le "protectionnisme vert". Le délégué des SYNDICATS DES TRAVAILLEURS a déclaré que parmi les obstacles qui entravent l’évolution des MCPD, il y a le recours excessif à l’action bénévole et l’exclusion des travailleurs de la gestion de l’entreprise. La FINLANDE a encouragé les gouvernements à donner l’exemple en passant à un comportement durable.
Le BRESIL a déclaré que les pays doivent veiller à ce que les démarches volontaires en matière de MCPD, telles que l’étiquetage des aliments, ne conduisent pas à des politiques commerciales restrictives. Les FEMMES ont appelé à la reconnaissance des agents actifs de l’évolution des MCPD. Le ROYAUME-UNI a souligné l’importance des partenariats verticaux ascendants et descendants et des partenariats horizontaux, et celle de la collaboration sur les questions touchant aux MCPD. Le MEXIQUE a accordé la priorité à l’implication des gouvernements, à la conception des produits et de la sensibilisation. La TURQUIE a parlé de son approche intégrée du MCPD. Le délégué des PAYS-BAS a déclaré que le secteur privé devrait être plus visible dans les discussions de la CDD. Le MAROC a parlé de ses efforts en faveur de l’évolution du MCPD, efforts qui englobent la mise en place d’un projet d’énergie solaire, l’élaboration d’une stratégie de l’énergie éolienne et la création d’un guide "vert". L’AFRIQUE DU SUD a parlé de ses efforts visant à accroître l’efficacité à travers entre autres, son programme national ‘Business Initiative’. La COLOMBIE a parlé de ses efforts nationaux dans le domaine du MCPD et de la réunion régionale des experts en la matière, tenue en 2009. La COMMUNAUTE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE a souligné la nécessité de mettre l’accent sur les intrants et les extrants énergétiques des activités de recyclage et, notamment, sur les attitudes sociales. La BARBADE a déclaré que "vivre de manière durable" était le thème de son "Mois de l’environnement". La NORVEGE a signalé que l’amélioration de la sensibilisation des personnes peut conduire à des modes de consommation plus durable. L’AUSTRALIE a décrit son approche de la sensibilisation à la durabilité à travers les écoles. La FRANCE a expliqué son utilisation d’un "bonus / malus fiscal" pour les voitures.
Le SÉNÉGAL et le VIET NAM ont mis l’action sur le besoin de mise à disposition de ressources financières, de transfert de technologie et de renforcement des capacités. La LIBYE et l’OUGANDA ont déclaré que les dépenses excessives et la pauvreté sont deux extrêmes des modes de consommation et qu’il est donc impératif de les surmonter. La THAILANDE a souligné l’importance des échanges de connaissances, d’informations et des enseignements tirés.
Le délégué des COMMERCE ET INDUSTRIE a déclaré qu’assurer le choix rationnel du consommateur est essentiel pour la réalisation de MCPD. L’INDE a appelé les pays industrialisés à fournir des ressources financières pour la recherche et la mise au point des technologies de CPD dans les pays en développement. Le délégué du KENYA a déclaré que son pays a besoin d’avoir des projets concrets de mise au point des technologies de CPD, ainsi que d’une intensification de ses efforts dans l’élaboration de politiques de CPD.
L’EGYPTE a indiqué qu’elle fournissait des efforts visant à mettre en œuvre des projets d’énergie renouvelable. Le SRI LANKA a parlé des avantages offerts par son Centre national pour une production propre, et a informé qu’il accueillait la neuvième Table ronde Asie-Pacifique sur les MCPD en juin prochain. Expliquant que son économie est basée sur l’importation, Maurice a souligné le besoin d’efforts fournis aux niveaux mondial, national et local, en faveur de MCPD. L’ARABIE SAOUDITE a décrit ses efforts visant à lutter contre les pénuries d’eau, y compris l’utilisation du dessalement. Le porte-parole des PEUPLES AUTOCHTONES a souligné la nécessité d’utiliser les systèmes de connaissances traditionnelles et la gouvernance coutumière pour la réalisation de MCPD.
Le Conférencier Jones-Crabtree a invité les participants à voir comment ils pourraient appliquer un MCPD à un niveau personnel. En réponse à des questions posées sur la manière de traiter à la fois les problèmes de surconsommation et sous-consommation, le conférencier Norris a souligné la nécessité d’un cadre intégré permettant aux personnes d’avoir une influence bénéfique sur la planète.
LES THEMES TRANSVERSAUX ET INTERSECTORIELS ET LES MOYENS DE MISE EN ŒUVRE : Cette session a été présidée par le président de la CDD, Ferraté. Le conférencier Wolfgang Sachs, Institut de Wuppertal pour le climat, l’environnement et l’énergie, Allemagne, a présenté l’économie industrielle comme étant un pétrolier et l’économie écologique comme étant un voilier, pour mettre en exergue les trois exigences du MCPD : la dématérialisation, la régénération et la modération. Il a indiqué que la dématérialisation requiert la prise d’une orientation différente en matière de progrès technologique, orientation axée sur l’accroissement de la productivité des ressources. Sachs a soutenu que même si cela pouvait donner lieu à des coûts initiaux élevés, à moyen et long termes, l’économie est beaucoup plus efficace. Il a ensuite souligné que la régénération nécessitait une conversion des technologies de manière à incarner l’imagination et l’inventivité humaines. Il a enfin expliqué que la modération signifiait que "plus n’est pas toujours mieux". Sachs a également souligné que l’arrêt des modes de grande consommation et de performances élevées "laissait plus d’espace" aux populations pauvres du la planète.
Le G-77/CHINE a appelé à "combler le fossé" existant entre les politiques et la mise en œuvre en matière de développement. L’UE a souligné l’importance d’améliorer la sensibilisation et l’intégration de la croissance et du développement durable dans la Stratégie 2020 de l’UE. Le CANADA a appelé à la bonne gouvernance, à l’utilisation de la science et des connaissances technologiques, à l’égalité des sexes, et à une gouvernance nationale et des partenariats dans la transition vers l’économie verte. Le secteur canadien de l’industrie extractive a été présenté comme étant un exemple de bonne gouvernance. La SUISSE a déclaré que les questions de sécurité alimentaire et d’éradication de la pauvreté devraient être examinées et a souligné la nécessité d’une durabilité accrue dans l’ensemble du système agro-alimentaire. Le délégué a réitéré que les principes de précaution et de pollueur-payeur sont toujours valables et qu’ils constituent des politiques directrices importantes pour le développement durable. L’INDONESIE a souligné l’interdépendance entre le développement durable et les OMD et a appelé : au financement du développement durable, à une gouvernance mondiale aidant les pays en développement à relever les défis financiers, et à un partenariat mondial favorisant les investissements dans le transfert de technologie.
La NORVEGE a déclaré que dans le module thématique en cours d’examen, la durabilité dépendait de la bonne gouvernance et, notamment des régulations, de la transparence, du financement et de la lutte contre la corruption. L’ARGENTINE a indiqué que la stratégie globale pour des MCPD devrait prendre en ligne de compte les accords de Rio qui portent sur l’équité, le principe de responsabilités communes mais différenciées, le transfert de technologie et la mise à disposition de ressources financières. L’ITALIE a déclaré qu’un engagement fort est nécessaire pour le traitement de la question des MCPD, et que l’investissement dans la sensibilisation au développement durable est un investissement dans l’avenir.
Le MAROC a souligné la nécessité de respecter les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) consacrés à l’éradication de la pauvreté et, avec le GUATEMALA, a souligné l’importance des savoirs traditionnels. Le GUATEMALA a indiqué que la coopération internationale doit s’adapter aux processus nationaux et aux conditions nationales, et a mis en relief l’intégration et les synergies entre tous les traités sur l’environnement, ainsi que le partage équitable des ressources. La MAURITANIE a déclaré que la sécheresse et la désertification sont des sujets d’intérêt majeur dans son pays.
Les FEMMES ont suggéré : la combinaison des connaissances traditionnelles aux connaissances modernes, l’élaboration d’un système d’étiquetage commun des produits chimiques et l’intégration des femmes dans les processus décisionnels. Les ONG ont suggéré : un renouvellement de l’engagement en faveur des valeurs énoncées dans Action 21 et dans le Plan de mise en œuvre de Johannesburg, la création de programmes internationaux de soutien aux initiatives régionales et nationales dans le domaine des MCPD, et un engagement à créer une "économie durable et équitable". Le délégué des AGRICULTEURS a mis en exergue : la mise en place d’un système de production culturale et animale intégré, le soutien des agriculteurs et des femmes, et la disposition de ressources financières et de capacités pour une production agricole durable.
Le délégué des SYNDICATS DE TRAVAILLEURS a souligné la réduction de l’utilisation des ressources et la consommation d’énergie. Le représentant des ENFANTS et des JEUNES a souligné le besoin de renforcer la sensibilisation en vue d’aborder les questions intersectorielles, et a déclaré que les gouvernements doivent formuler des plans d’action visant à augmenter les budgets et à améliorer le travail de conscientisation sur l’importance de l’éducation. Le délégué des PEUPLES AUTOCHTONES a cité les conflits, les inégalités et le manque de nourriture et d’eau comme étant des défis majeurs à relever, et a indiqué qu’ils devraient avoir une plus grande implication dans tous les processus décisionnels.
La LIBYE a souligné la nécessité de : renforcer la coopération internationale, de combler le fossé technologique et de trouver un financement adéquat permettant de s’assurer que les pays vulnérables avancent dans la réalisation des OMD. Le représentant des ONG a cité l’expérience positive de Capacité 21, a signalé que Capacité 2015 ne s’est jamais concrétisé, et a suggéré le soutien des Action 21 locaux et l’intégration du thème des MCPD dans la Décennie de la sensibilisation au développement durable.
Dans ses observations finales, le conférencier Sachs a précisé que le terme économie verte signifiait plutôt une économie fondée sur l’exploitation douce des ressources qu’une économie propre, et a indiqué que, dans les pays riches, les modes de vie devraient être au centre de l’attention, reconnaissant toutefois qu’il ya aussi de gros consommateurs dans les pays du Sud. Le BRESIL a fait remarquer que le concept d’économie verte n’a pas été défini et que l’examen de ce point est nécessaire. Tariq Banuri, DSD, a souligné plusieurs objectifs dont, notamment, faire plus avec moins de ressources, éviter la notion que tout le monde est obligé de réduire, s’éloigner du sentiment d’insécurité et recréer l’optimisme, les MCPD donnant la marche à suivre.
La conférencière Marina Fischer Kowalski, Université de Klagenfurt et Institut de l’écologie sociale de Vienne, a parlé de plusieurs évolutions qui ont un effet déstabilisateur sur le développement humain : l’utilisation des ressources sans précédent, la croissance démographique, la répartition inégale des ressources et de leur accessibilité et les taux de consommation différents. Elle a indiqué que certains pays ont atteint un indice de développement humain plus élevé avec moins de ressources, et a appelé à une nouvelle transition permettant de mieux soutenir les êtres humains sur la Terre. Soulignant qu’entre 1973 et 2005 beaucoup de progrès ont été réalisés avec moins d’émissions de carbone, elle a conclu en soutenant que la vie est de moins en moins tributaire des ressources naturelles et que l’accent placé sur la croissance économique devrait passer à l’amélioration du bien-être.
La FEDERATION DE RUSSIE s’est enquise de l’hypothèse émise par le conférencier Fischer-Kowalski selon laquelle le découplage des modes de consommation et de croissance a été déclenché par la crise énergétique. Le délégué a soutenu que le découplage a été causé plutôt par la naissance du secteur tertiaire et sa croissance ultérieure continue. Fischer-Kowalski a répondu que les années 1970 étaient la première fois, dans l’histoire de l’après-Seconde Guerre mondiale, où les pays industrialisés se sont rendu compte que l’abondance peut avoir des retentissements, ainsi que de l’impact psychologique des Limites de la croissance.
DANS LES COULOIRS
Plusieurs délégués ont eu des appréhensions sur l'annonce faite par le président, vendredi après-midi, que son résumé des discussions de la première semaine ne sera pas disponible avant lundi. Alors qu’ils comprenaient le souhait du président d'y intégrer tous les débats qui ont porté sur les MCPD, les thèmes intersectoriels et transversaux et les moyens de mise en œuvre et de polir son projet de texte et de le faire traduire, ce délai risquait de laisser moins de temps pour l’étude d’un tel document qui suscite généralement de nombreux amendements de la part des concernés. D’autres ont ouvert leurs paris sur les mérites relatifs du report du résumé: si le temps supplémentaire contribue à une amélioration importante du contenu, on le considérera probablement comme ayant été une très bonne idée.
Dans un autre développement, un participant a été entendu exprimer des doutes au sujet des discussions du groupe de contact du PrepCom de la Conférence des Nations Unies pour le développement durable (CDD) qui devraient avoir lieu la semaine prochaine et sur la pression qu’elles risquent d’exercer sur les ressources humaines limitées des petites délégations. Sur un plan plus formel, certains ont indiqué que le format parallèle ne serait pas conforme à l'accord tacite conclu lors de la négociation de la résolution de l'Assemblée générale concernant la CNUDD, que la CDD et le PrepCom doivent rester deux processus distincts.
Ce numéro du Bulletin des Négociations de la Terre © <enb@iisd.org> a été rédigé par Stephanie Aktipis, Ph.D., Melanie Ashton, Andrey Vavilov, Ph.D., Lynn Wagner, Ph.D., et Kunbao Xia. Edition numérique: Leila Mead. Version française: Mongi Gadhoum. Editrice en chef: Pamela S. Chasek, Ph.D. <pam@iisd.org>. Directeur du Service des informations de l’IIDD: Langston James “Kimo” Goree VI <kimo@iisd.org>. Les bailleurs de fonds du Bulletin sont: Le Royaume-Uni (à travers le département du développement international (DFID), le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique (à travers le Bureau des océans et des affaires environnementales et scientifiques internationales du département d’Etat américain), le gouvernement du Canada (à travers l’ACDI), le ministère danois des affaires étrangères, le ministère allemand de la coopération économique et développement (BMZ), le ministère fédéral allemand de l’environnement, de la préservation de la nature et de la sécurité nucléaire (BMU), le ministère néerlandais des affaires étrangères, la commission européenne (DG-ENV), et le ministère italien de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’espace maritime. Un soutien général est accordé au Bulletin, au titre de l’exercice 2010, par: le gouvernement australien, le ministère fédéral autrichien de l’agriculture, des forêts, de l’environnement et de la gestion de l’eau, le ministère suédois de l’environnement, le ministère néo-zélandais des affaires étrangères et du commerce extérieur, SWAN International, l’Office fédéral suisse de l’environnement (FOEN), le ministère finlandais des affaires étrangères, le ministère nippon de l’environnement (à travers l’IGES), le ministère nippon de l’économie, du commerce et de l’industrie (à travers GISPRI), le gouvernement d’Islande, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), et la Banque mondiale. Le financement pour la traduction du Bulletin en français a été fourni par les gouvernements de la France, de la Région wallonne de Belgique, de la Province du Québec et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF et IEPF). Les opinions exprimées dans le Bulletin appartiennent à leurs auteurs et ne reflètent pas forcément les vues de l’IIDD et des bailleurs de fonds. Des extraits du Bulletin peuvent être utilisés dans des publications non commerciales moyennant une citation appropriée. Pour tout renseignement, y compris les demandes de couverture d’événements par nos services, contacter le Directeur du Service des informations de l’IIDD, <kimo@iisd.org>, au +1-646-536-7556 ou par courrier au 300 East 56th St., 11A, New York, New York 10022, USA. L’équipe du ENB couvrant la CDD-18 est joignable par courriel à <lynn@iisd.org>.