Il y a de l'espoir en 2021
Avant-propos de l'état de la gouvernance environnementale mondiale
3 March 2021
La pandémie COVID-19 a causé des ravages en 2020, y compris des plans visant à intensifier la coopération internationale sur l'action climatique, la restauration de la biodiversité, la réduction des inégalités et un certain nombre d'autres crises. Pourtant, Selwin Hart, Conseiller Spécial du Secrétaire-Général des Nations Unies sur l'action Climatique, ouvre notre rapport sur L'état de la gouvernance mondiale de l'environnement 2020 avec optimisme.
L'équipe du Earth Negotiations Bulletin vous invite à réfléchir à ses propos, puis à plonger dans notre analyse des leçons de 2020 en diplomatie environnementale et comment nous reconstruisons l'élan à l'ère du coronavirus.
"Le monde a besoin d'une correction de cap urgente. Alors que nous entrons en 2021, nous avons de quoi espérer que cette correction pourra se faire.
Indéniablement, nous sommes encore bien loin de réaliser les objectifs de l'Accord de Paris, et la pandémie a retardé les progrès dans l’achèvement de nombreux Objectifs de développement durable.
Comme le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, l’a dit sans ambages, nous menons une guerre contre la nature. La pandémie de la COVID-19 a révélé non seulement notre exploitation non durable et destructrice des ressources naturelles, mais aussi les conséquences des inégalités endémiques qui existent au sein des pays et entre eux. Nous voyons de plus en plus la nature reculer: la hausse des températures, les incendies de forêt, les inondations, les cyclones et les ouragans sont une nouvelle normalité dévastatrice.
La production de combustibles fossiles continue d'augmenter de 2% par an, alors qu'elle doit baisser de 6% chaque année. Les pays financent davantage les subventions aux combustibles fossiles que les énergies renouvelables.
Mais il y a des signes de changement. Alors que le monde subit les effets de plus en plus accélérés du dérèglement climatique et les coûts croissants de l'inaction, un nombre de plus en plus important de gouvernements, d'entreprises, d'investisseurs et de dirigeants de la société civile intensifient leur niveau d'ambition et d'action.
De plus en plus de pays reconnaissent qu'il est urgent d'intensifier considérablement leurs efforts en matière de lutte contre le changement climatique, et nous sommes encouragés par les annonces récentes de plusieurs grands émetteurs et de nombreuses entreprises mondiales engagées en faveur de la neutralité carbone, comme l'ont exhorté le Secrétaire général et bien d'autres. Nous entrons en 2021 avec des pays produisant plus de la moitié des émissions mondiales de CO2 désormais engagés pour un avenir à zéro émission, ce niveau devant passer à deux tiers début 2021.
Le récent sommet de l'Ambition climatique, organisé pour marquer le cinquième anniversaire de l'Accord de Paris, a envoyé des signaux forts indiquant que davantage de pays et d'entreprises sont prêts à prendre, en faveur du climat, les mesures audacieuses dont dépendent notre sécurité et notre prospérité futures.
Alors que nous nous tournons vers l'avenir, l'objectif central des Nations Unies pour 2021 consiste à construire une coalition véritablement mondiale pour la neutralité carbone, pour des émissions mondiales de gaz à effet de serre nulles en 2050. Mais les promesses ne sont que la première étape. Désormais, tous les pays doivent faire preuve d'ambition dans leurs nouvelles contributions déterminées au niveau national améliorées, qu'ils sont obligés de soumettre avant la COP26. Les promesses doivent être soutenues, dès à présent, par une action réelle.
Cette transition doit être juste, assortie d'une protection sociale et d'un soutien aux travailleurs et aux autres personnes touchées par la dé-carbonisation. Et la réduction des émissions n'est qu'une partie du défi - nous devons nous adapter aux effets du changement climatique et renforcer la résilience qui peut sauver des vies et des biens.
Le Secrétaire général a appelé à une percée en matière d'adaptation et de résilience, qui donne la priorité aux besoins de ceux qui se trouvent en première ligne de la crise climatique. Tous les bailleurs de fonds et les BMD devraient s'engager à orienter au moins 50% de leur soutien financier climatique vers l'adaptation et le renforcement de la résilience.
Alors que nous avançons vers 2021, le financement de l'action climatique doit augmenter considérablement. Les pays développés doivent honorer leur engagement d'au moins 100 milliards de dollars d'euros par an aux pays en développement, à la fois pour réduire les émissions et pour renforcer la résilience. Toutes les BMD et APB devraient s'engager à aligner leurs politiques, portefeuilles et projets sur les objectifs de l'Accord de Paris.
La communauté scientifique nous dit que pour atteindre zéro émission d'ici 2050, nous devons réduire les émissions de 45%, d'ici 2030, par rapport aux niveaux de 2010. Il est maintenant temps pour chaque pays, ville, institution financière et entreprise d'adopter des plans pour passer à zéro émission d'ici 2050, soutenus par les mesures permettant d'y parvenir.
Un rapport pareil à celui-ci nous aide à faire le point sur chaque année écoulée, telle qu'elle fut. Nous y pouvons apprendre les uns des autres. L'équipe du Bulletin des Négociations de la Terre passe, depuis 1992, d'innombrables heures dans des salles de négociation, couvrant presque toutes les réunions sur les grands enjeux environnementaux. Cette année, elle s’est, elle aussi, installée en ligne. Dans le présent rapport, elle examine les différents processus organisés pour négocier des règles permettant de faire face à nos crises les plus urgentes. Elle distille ce que 2020 a signifié pour le monde qui nous entoure et pour notre capacité à répondre aux menaces que nous lui posons.
Je salue ce travail vital, car il est essentiel que le monde dispose de données claires et objectives provenant de sources multiples, sur lesquelles fonder les décisions qui détermineront et notre présent et notre avenir. En 2021, sur la longue et difficile route de Glasgow, les enjeux sont plus importants que jamais. Mais il en va de même pour les opportunités plus grandes que jamais—pour les personnes, la prospérité et la planète—si nous prenons correctement ces décisions."
— Selwin Hart, Conseiller spécial du Secrétaire général pour l'action climatique et sous-Secrétaire général pour l'équipe d'Action climatique